On a beau y vivre, venir régulièrement ou y poser ses valises pour la première fois, Paris a toujours de quoi surprendre, c’est une ville dont la scène culinaire est en perpétuelle ébullition. Chaque semaine, de nouveaux lieux ouvrent et rebattent les cartes, rendant caducs les palmarès de l’année passée. Au moment de réserver un restaurant, entre institutions historiques (comme Le Baratin), tables mythiques où s’asseoir une fois dans sa vie (comme Le Jules Verne) et adresses nouvelle génération (comme Le Cheval d’Or), il y a de quoi s’y perdre. Alors, par où commencer quand on est amateur de bonne table mais qu’on ne sait plus donner de la fourchette ?
Plutôt que de dresser une liste de bonnes adresses de plus, ce guide propose un mode d’emploi gourmand de la capitale. Sept grandes expériences, du bistrot tradi aux coffee shops pointus, pensées comme une exploration culinaire de ce qui façonne la ville. Suivez le Guide !

1. Les classiques parisiens : brasseries, bistrots, bouillons
Ces piliers de la tradition parisienne forment une véritable trinité de sa culture culinaire. Si nous sommes familiers du ballet du personnel de service qui se joue dans ces trois types d’établissements, avouons que les spécificités de chacun sont parfois floues.
La brasserie, c’est l’adresse tout-terrain. Ouverte 7 jours sur 7, du petit déj’ à minuit (ou presque), elle sert avec une efficacité redoutable tous les incontournables : steak-frites, croque-monsieur, soupe à l’oignon, tartare de bœuf, salade de chèvre chaud… Quelques indices pour la repérer : son auvent rouge, ses chaises en rotin en terrasse et son service vif. Celle du Louvre, sélectionnée par les Inspecteurs du Guide MICHELIN, en est un bel exemple.

Le bistrot, plus intimiste, est souvent l’apanage d’un chef, qui propose un menu du marché qui varie au fil des saisons. On y retrouve les grands classiques de la cuisine française (confit de canard, coq au vin, blanquette de veau) dans un cadre chaleureux, à l’heure du déjeuner ou du dîner.
Le bouillon, enfin, longtemps oublié, fait un retour en grâce remarqué depuis quelques temps. À l’origine une cantine ouvrière, leur nouvelle version continue de proposer des plats généreux à petits prix, souvent dans des décors Belle Époque grandioses (lustres globe, miroirs, serveurs en nœud pap’ et gilet). Pour 20 euros environ, on peut s’offrir un festin – escargots, steak au poivre et baba au rhum – et repartir satisfait, le ventre plein.

2. Viennoiseries, pâtisseries et boulangeries : du pain béni !
La boulangerie-pâtisserie, c’est un monument de notre patrimoine. Mais à Paris, c’est carrément une religion. Chaque rue ou presque en compte au moins une et l’appel des vitrines est irrésistible.
Côté boulangerie, on trouve bien sûr les classiques baguettes et pains en tous genres qui côtoient de multiples viennoiseries dorées. Mention spéciale cette année à La Parisienne, qui a décroché le prix de la meilleure baguette et la deuxième meilleure note pour son croissant. Dans ce paysage apparaissent de nouvelles boulangeries qui cultivent des spécificités pour retrouver des gestes authentiques, des farines anciennes, des temps de fermentation plus longs, des levains naturels…
La pâtisserie, elle, pousse le curseur de la créativité avec sophistication. Certaines sont devenues de véritables laboratoires gourmands, comme Tapisserie, fondée par l’équipe des restaurants Septime et Clamato. En vitrine, le choix est rude et varie avec les saisons : paris-brest à la pistache, flan à la vanille, tarte chocolat Idukki, ou l’indétrônable tarte au sirop d’érable et crème montée.

3. La révolution tranquille de la bistronomie
Dans les années 1990, la gastronomie parisienne donne des signes d’essoufflement. Pendant que la France ronronnait sous les nappes blanches et les codes figés du service à la française, l’Espagne et le Danemark faisaient preuve d’une réelle créativité en cuisine. Il était temps que la France suive ce nouveau tempo.
C’est dans ce contexte qu’est née la bistronomie, contraction de bistrot et gastronomie. Une nouvelle génération de chefs balaye le formalisme des grandes tables. Fini le service raide et les additions salées : place à une cuisine sincère, inventive, qui mise sur le produit, la traçabilité, le respect du travail des producteurs, les vins nature et l’ambiance décontractée. On s’y attable sans nappe ni falbalas, au son d’une playlist soignée et à des prix plus accessibles que dans un restaurant gastronomique traditionnel.
Aujourd’hui, les néobistrots font partie du paysage parisien. S’ils ont d’abord fleuri dans le 11ᵉ arrondissement, ils se sont depuis étendus dans toute la ville. Parmi les adresses pionnières ou récentes qui valent le détour, voici quelques adresses à visiter qui partagent un même credo : Le Chateaubriand, Alluma, Dandelion, 19 Saint Roch, L'Altro Frenchie, Septime…

4 . Les quartiers à explorer l’appétit aiguisé
Le 11e arrondissement a longtemps été le QG des jeunes chefs parisiens. S’il reste une valeur sûre pour bien manger sans se ruiner, d’autres coins de la capitale s’imposent comme de vrais pourvoyeurs de bonnes adresses.
Pigalle, longtemps associé aux cabarets et à la vie nocturne, est en passe de devenir l’un des quartiers les mieux lotis de Paris. Au carrefour des quartiers de Montmartre, du 9e arrondissement bobo, du 17e résidentiel, du 10e branché et du canal Saint-Martin, il attire les restaurateurs plein audacieux. Recommandés par nos Inspecteurs : Le Caillebotte, Perception, Adami.
Plus à l’est, Belleville concentre une incroyable diversité. À cheval sur les 19e, 20e, 10e et 11e arrondissements, ce quartier populaire et cosmopolite regorge de pépites. On y savoure un pad thaï à l’ananas chez Lao Siam, des classiques de bistrot de haut vol au Baratin (chouchou des gens du métier), ou un café de spécialité avec une brioche suédoise chez Mardi.

5. Café ou coffee shop : deux styles, deux écoles
À Paris, le café reste un lieu emblématique : on sirote son petit noir installé en terrasse en observant ou on expédie son espresso en deux gorgées en discutant avec son voisin. Pas de latte art ni de carrot cake ici, on vient pour le charme tout parisien plutôt que pour la qualité du breuvage.
Depuis quelques années, les coffee shops se multiplient dans les rues de Paris. Intérieurs épurés, grains soigneusement sélectionnés et torréfiés, cafés filtrés, latte au lait d’avoine… L’expérience est plus sensorielle, plus internationale aussi, parfois avec interdiction d’utiliser un ordinateur portable.
Les deux styles ont leurs adeptes. Pour un Perrier en terrasse, direction le café de quartier. Pour un flat white avec votre ordinateur, optez pour un coffee shop. Parmi les favoris des Parisiens : KB Café (9e), Dreamin’Man (11e), Partisan (3e).

6. Le Parisien s’est enfin mis au brunch…
Le cliché du Parisien qui saute le petit-déj’pour filer bosser clope au bec a fait son temps. Même les Parisiens changent. On fume moins (merci les interdictions récemment étendues aux plages, parcs et abords d’écoles), et surtout, on mange mieux et plus équilibré dès le matin. Le brunch, autrefois réservé aux expatriés en manque de bacon et de pancakes, fait désormais partie du paysage culinaire parisien et n’est plus un caprice du dimanche.
Les influences viennent des quatre coins du monde, et les adresses se multiplient. HolyBelly est un incontournable pour les classiques anglo-saxons bien exécutés (œufs, bacon, pancakes fluffy…). Echo propose une cuisine californienne solaire, parfaite pour commencer la journée en douceur. Et chez Candelaria, on revisite le brunch à la mexicaine avec d’excellents chilaquiles (tortilla chips, œufs, fromage fondu), relevés comme il faut.

7. Manger vite... et bien !
C’est un petit séisme culturel. Dans le pays où est né le restaurant moderne, où le temps accordé au déjeuner à table est sacré au point d’être protégé par le Code du travail, on commence à voir des Parisiens manger debout, dehors, ou même en marchant.
Dans la capitale de la gastronomie, manger sur le pouce a longtemps été considéré comme une hérésie. Mais les choses évoluent.
Même si avaler un sandwich dans le métro vous vaudra toujours des regards réprobateurs, les apéros et pique-niques improvisés sur les quais de Seine ou les pelouses des Buttes Chaumont se généralisent (petit rappel utile : on ne débouche pas son sancerre n’importe où, renseignez-vous avant sur la réglementation locale).
Les chaînes de vente à emporter type Prêt à Manger se multiplient, mais des adresses de meilleure qualité gagnent en popularité. Côté adresses, le Parisien nomade a désormais l’embarras du choix.
Les amateurs de street food soignée filent chez Nonette Bánh Mì & Donuts pour ses sandwichs vietnamiens twistés, chez Vandal pour son sandwich aux boulettes digne d’un foodtruck new-yorkais, chez El Nopal pour des tacos relevés, ou chez Urfa Dürüm pour des dürüms kurdes pleins de caractère.
Pour un creux à combler en bonne conscience, on peut faire confiance à Wild & the Moon et Bob’s Juice Bar qui misent sur les smoothies vitaminés, les jus pressés à froid et des bowls veggie ou vegan à emporter.