Une arrivée par la plage et la mer
« L’arrivée au restaurant est une expérience en soi : on sort de la vieille ville par la porte des Deux Moulins, avant de parcourir un sentier côtier et d’atteindre la plage de la Concurrence, un lieu évidemment très animé. En approchant du restaurant de Christopher Coutanceau, j'ai été frappée par le contraste saisissant entre cette bâtisse des années 1980 un brin rétro et l’élégance feutrée qui m'attendait à l'intérieur. Dès le seuil franchi, tout évoque la mer : une moquette bleu profond inspirée des cartes marines, des piliers aux nuances de sable, une vue imprenable sur l'océan, un plafond ondulant inspiré des fonds marins et des centaines de pampilles scintillantes en suspension qui évoquent évidemment les variations de la lumière sur l'eau. »
Le service comme une croisière de charme
L’excellent service, dirigé par Nicolas Brossard, s’illustre par une synergie entre rigueur et proximité avec le client. Chaque membre de l’équipe partage une connaissance approfondie des produits, de leur provenance et de leur transformation en cuisine.
« Leur implication et leur enthousiasme, qui se sont traduits par un service fluide et précis, m’a fait plaisir à voir. Chaque assiette m’a été présentée avec justesse et pédagogie. Loin d’un formalisme rigide, j’ai assisté à une croisière bien orchestrée qui a donné à l’expérience une harmonie sans faille. »
Une circumnavigation gastronomique
« J’ai senti que Christopher Coutanceau ne cherchait pas forcément à plaire en suivant des tendances à la mode ou des attentes extérieures. On sent qu’il cuisine ce qu'il aime, avec sincérité et engagement, en restant fidèle à son identité culinaire. Chaque plat traduit son amour de la mer et son respect des produits, sans compromis ni artifice. Ce menu, exclusivement dédié aux produits de la mer, évite toute incursion dans la viande pour sublimer l'univers marin du chef, dans une approche respectueuse et cohérente du terroir océanique. »
Le « bouquet vivant » : la mer sublimée dans l'assiette
« Le « bouquet vivant » a été pour moi une véritable révélation : un plat qui recrée l'écosystème de la crevette avec une très fine gelée de bouquet infusée subtilement aux feuilles de citronnier, des algues de l'île de Ré (laitue de mer, dulce marine, algue groseille en petite grappe, kombu royal) et un jeu de textures saisissant entre le corps mariné et les têtes croustillantes. Pour parfaire l'illusion, une poudre de fécule de tapioca parfumée à l’huile de bouquet et au piment oiseau vient imiter la texture du sable marin et apporter du peps pour contrebalancer les notes iodées, renforçant encore cette immersion sensorielle. Un hommage délicat à la mer et à sa biodiversité. »
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Le pithiviers de Saint-Jacques, un tour de force iodé
« J’ai trouvé ce plat magnifique. Présenté puis tranché avec dextérité au guéridon, il illustre parfaitement l’esprit du restaurant. La Saint-Jacques, fondante et subtilement parfumée, repose dans une pâte feuilletée bien dorée et croustillante. Une farce réalisée à partir des barbes et du corail vient accentuer la richesse iodée sans la dominer. Un jus de volaille infusé au citron confit apporte une touche de profondeur, soulignant la finesse de l’ensemble. »
Pré-dessert et dessert : un final aérien, entre sel et douceur
« Avant d'aborder le dessert principal, un pré-dessert inattendu et fascinant a prolongé cette immersion marine : une quenelle de glace au haddock, associée à des agrumes frais – pamplemousse, orange sanguine et clémentine – et surmontée d'une meringue au pain grillé. Cet audacieux mariage de saveurs, où la douceur légèrement fumée du haddock rencontre l'acidité des agrumes, a marqué un instant d'exception, à la fois surprenant et équilibré.
Tout en légèreté et en finesse, le dessert principal a poursuivi cette plongée marine avec une poire infusée au citron confit et à la criste marine. Ce dessert d'une grande subtilité offrait une douceur naturelle et des saveurs raffinées, qui se laissait également apprécier avec un granité parfumé à la liqueur de poire de Vendée. En guise de conclusion, les mignardises ont apporté une ultime touche de plaisir. Avec un caramel à la fleur de sel de l'île de Ré et une opaline au chocolat et à la liqueur de Kamok (une liqueur de café vendéenne), celles-ci ont joué la carte du clin d'œil aux traditions locales. C’est futé. »
Une table qui vit au fil des saisons
« Il n’y a pas de saison pour apprécier cette maison qui jouit d’une clientèle fidèle toute l’année. Certes, j’ai un faible pour le dîner face au coucher de soleil qui embrase l’horizon et la plage de la Concurrence ; mais le déjeuner est tout aussi agréable, pour s’offrir une balade le long de la promenade après le repas.
À cette table, on ne se contente pas de déguster un repas, on vit une expérience sensorielle où la mer est omniprésente, dans l'assiette comme dans l'ambiance. C’est toute la force et la cohérence de ce lieu. »
Les conseils de l'Inspectrice
La Rochelle est une très belle ville, et il serait dommage de ne pas en profiter en prolongeant le séjour, par exemple à la Villa Grand Voile Christopher Coutanceau. Les onze chambres de l’hôtel sont situées dans une demeure d'armateur du 18e s., sur le Vieux Port. Après une randonnée sur l’île de Ré, on revient dîner au bistrot de Christopher Coutanceau, La Yole de Chris, où la carte fait la part belle aux produits de la mer (huîtres, coquillages et crustacés) et à la pêche du jour... à déguster sur la terrasse face à la mer, aux beaux jours.Hero image : Christopher Coutanceau est au sommet de son art culinaire © Philippe Vaurès Santamaria/Christopher Coutanceau
