Restaurants 2 minutes 31 mai 2021

Terrasses des restaurants à Paris : les premières impressions des inspecteurs du Guide MICHELIN

Depuis le 19 mai, les restaurants sont de retour partout en France... et les inspecteurs du Guide MICHELIN aussi ! L'appétit en bandoulière, les papilles en émoi, ils ont commencé à défricher les terrasses parisiennes. De Pantruche à Dupin, voici leurs premières impressions.

Nous voilà dans une rue calme du 6e arrondissement de Paris, non loin du Bon Marché, où les quelques tables de la terrasse de Dupin font de l’œil au mangeur parisien qui arpente le bitume jusqu’à une fausse pelouse. On y a renoué avec la cuisine de saison du chef Nathan Helo, une cuisine ambitieuse, travaillée autour de produits de belle qualité, avec des assiettes aux visuels souvent (hyper) flatteurs : petits pois et pleurotes de Paris en tartelette ; carottes fanes, fenouil et melon dans l’idée d’une bouillabaisse ; île presque flottante, framboise et fève tonka.

Non loin de là, à l’angle de la rue Canivet et de l’étroite rue Servandoni (l’architecte du portail de l’église Saint-Sulpice toute proche), le Bon Saint-Pourçain a disposé une charmante petite terrasse au calme, loin de l’agitation de Saint-Germain-des-Prés. Dès qu’on lève les yeux, c’est un régal architectural dans cette rue qui aligne les hôtels particuliers 17e et 18e et brasille de références littéraires, de Condorcet à Roland Barthes (qui y habita toute sa vie ou presque). Dans l’assiette, le chef poursuit imperturbablement sa quête du meilleur produit : ce jour-là, carpaccio de thon rouge (de ligne), pintade rôtie (fermière) au vin jaune, baba au (vieux) rhum, régalent des fidèles revenus dès l’ouverture.

Dupin ©MICHELIN
Dupin ©MICHELIN

Emplacement unique pour la terrasse du restaurant la Méditerranée située, excusez du peu… 2 place de l’Odéon, face à ce théâtre mythique inauguré en 1782. Tous les ingrédients du Paris que l’on aime sont ici réunis, architecture, histoire, culture et bonne chère, incarnée ici par une terrasse d’inspiration marine, avec ses buis en pots, ses meubles en rotin et ses jolis parasols. "À l’abordage !" s’écrie d’ailleurs le chœur des éditeurs germanopratins qui naviguent dans ces eaux. Dans l’assiette, l’iode règne au fil de la pêche : poulpe rôti aux piments fumés sur caviar d'aubergine, daurade royale au citron confit et artichaut barigoule, et en dessert, les fraises et framboises, fontainebleau et jus des fruits tiède. Attention, dans ce Bib Gourmand, quand on part à la pêche directement dans la carte, l’addition grimpe aussi vite que la marée dans la baie du Mont-Saint-Michel...

À 200m de là, en descendant vers le carrefour de l’Odéon, Le Comptoir du Relais serait plutôt le repaire des écrivains fauchés, adeptes de la dive bouteille (mais on a aussi vu de nombreux éditeurs venir s’y encanailler). De toute façon, le truculent Yves Camdeborde régale tout le monde, sans distinction, à travers un service continu de midi à 21h et une terrasse chauffée : tête de veau (pour les parigots !), selle d'agneau au beurre persillé, tartelette sablée aux fraises. Elle est pas belle, la vie ?

À l'angle du boulevard Raspail et de la rue de Sèvres, la Brasserie Lutétia, brasserie de luxe élégante à dominante marine, déroule sa terrasse (allergiques au bruit, s’abstenir), encore ombreuse à l’heure du déjeuner mais bien ensoleillée au moment du café. Comment ça se passe dans ce temple du chic parisien rive gauche ? Sans réservation jusqu'au 9 juin, service continu de 12h à 21h avec une carte plus réduite l'après-midi.

La terrasse de Méditerranée ©MICHELIN
La terrasse de Méditerranée ©MICHELIN

Maintenant, courage, traversons la Seine et fourchette au clair, attaquons la rive droite !

Cornaqué par Akrame Benallal, Shirvan Café Métisse, adresse proche du pont de l’Alma est une promesse de soleil à l’image de sa terrasse protégée et surtout de sa cuisine métissée qui nomadise du Maroc à l’Inde, avec sa caravane de bons produits (thon rouge, agneau, fruits de saison). Tarifs au niveau du Triangle d’Or.

Quant à Amandine Chaignot (Pouliche), elle a dressé pour nous une terrasse bucolique à souhait (dans une rue bien tristoune, avouons-le) sur le large trottoir en face de son resto. Un menu unique est servi, vous ne choisissez que le plat principal (veggie, poisson ou viande), une cuisine punchy et précise, aux assaisonnements délicieux : velouté crémeux de chou-fleur, belle salade de courgette hyper travaillée, maquereaux marinés snackés avec pickles d'oignons rouges, et sauce crémeuse au fromage frais ; ballotine de volaille farcie et pommes de terre grenailles, et son excellent jus de cuisson réduit ; et enfin, blanc manger au lait d'amande, fruits rouges et comme une macaronade aux noisettes.

Shirvan Café Métisse, en terrasse ©MICHELIN
Shirvan Café Métisse, en terrasse ©MICHELIN

Bienvenue au Garde Temps, au nord de la Nouvelle-Athène (dans le 9e), sympathique bistrot ouvert par un ancien d'Yves Camdeborde : c'est frais et bien travaillé, une bonne cuisine de cuisinier qui ne triche pas et quelques tables en bordure de rue pour y goûter : saumon d'Écosse bio mariné au poivre vert, artichaut barigoule, crémeux djansan fenouil cru ; poitrine de cochon fumé confit à la baie de genièvre condiment raifort fenouil et purée de pommes de terre.

Du côté de Pigalle, il faudra attendre le 9 juin pour profiter du cadre rétro et vintage du Pantruche. En attendant, direction les tables dressées à même le trottoir – bien sûr, il faudra faire abstraction des bruits de la circulation... Mais on profite de la succulente cuisine bistronomique proposée par le chef Franck Baranger : coques et palourdes en marinière, asperges vertes et jaune d’œuf séché ; selle d’agneau farcie à l’ail noir et à la menthe, caviar d’aubergine, courgette et condiment rhubarbe – le tout avec des jus, des sauces et des émulsions sans reproche, des cuissons précises, du goût.

L'aventure continue !

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