L’année 2024 a été riche pour le restaurant parisien Hémicycle. Une première Étoile accordée par les inspecteurs du Guide Michelin mais aussi un prix Passion Dessert pour sa jeune pâtissière en cheffe, Aurora Storari. Originaire de Rome, cette passionnée du goût développe un univers culinaire original qui complète à merveille celui de Flavio Lucarini, son compagnon aux commandes des cuisines d’Hémicycle. En cette rentrée, elle a néanmoins choisi de se lancer un nouveau défi : ouvrir Aura, un comptoir de sept places situé à l’étage du restaurant, où elle sert depuis l'été, un menu complet composé uniquement de ses créations. Une expérience à la fois déroutante, savoureuse et passionnante.
Les pâtes d'Aurora Storari ©Hémicycle
Une pâtissière pas comme les autres
Aurora n’est pas pâtissière de formation. Et c’est peut-être pour cela que son travail surprend autant. Son parcours s’avère plutôt atypique : elle a d’abord été cuisinière en Italie, notamment chez Cracco à Milan, puis en France au Mirazur où, petit à petit, elle a bifurqué vers la pâtisserie. Après un passage au Clarence, elle fait l’ouverture d’Hémicycle avec Flavio Lucarini, chef romain passé par Le Gabriel et le Bistrot Flaubert. Le couple, qui s’est rencontré en cuisinant, s’engage avec enthousiasme dans le projet de Stéphane Manigold, propriétaire des lieux : ce dernier leur laisse carte blanche. L’occasion de collaborer (enfin) comme ils l’entendent, mais aussi de travailler ensemble sur les menus. Une liberté qui a donné des ailes à Aurora.
L'artichaut à la giudia ©Hémicycle
Un espace pour exprimer sa créativité
La routine ? La pâtissière la déteste. Pour elle, la cuisine doit rester une perpétuelle improvisation. Elle veut imaginer, expérimenter, s’amuser… pour ne jamais se lasser. L’ouverture de son propre espace, niché à l’étage d’Hémicycle, répond à ce désir. Aux sept convives qui peuvent s’installer au comptoir, elle propose un menu composé d’une litanie de « desserts ». Elle les prépare en partie devant les clients avant de leur servir elle-même, dans un tête à tête intime où le dialogue est de mise. On est alors loin du schéma classique amuse-bouche-entrée-plat-dessert-mignardises. Présentée comme un « dessert diner », concept en vogue dans le monde anglo-saxon, l’expérience ne s’apparente pourtant pas à un simple repas sucré.
Le comptoir d'Aura ©Hémicycle
Ni sucré, ni salé
Si le concept peut en dérouter certains, on se laisse vite griser par cette libre improvisation gustative en 10 temps qui évolue au fil des saisons ou inspirations. La brioche laquée sauce chili et crème crue donne le ton ; les petits pois et raifort, crème prise au jasmin et verjus enfoncent le clou. Aurora se permet de servir des pâtes, cuites dans de l’eau de tomates vertes et accompagnées de laitue de mer ou d’amandes torréfiées, mais dans un vrai plat de pâtissier. Le parfait glacé à l’encre de seiche, noix de coco et jus de coriandre ? Il laisse d’étranges saveurs iodées sur la langue. Quant à l’artichaut à la giudia, mole aux cerises, glace au foin et bourbon, il offre de subtiles réminiscences de gastronomie romaine. Pour accompagner ce récital baroque, la cheffe-pâtissière a imaginé avec la sommelière d’Hémicycle d’audacieux accords mets-vins ou mets-cocktails. Histoire de surprendre encore plus.
Oignon des Cévennes façon Aura ©Hémicycle
Informations pratiques
Aura est ouvert sur réservation du mercredi au samedi, pour le dîner seulement. Un seul service (au comptoir) à 20h. Menu en 10 services : 115 €.Hero Image : Portrait d'Aurora Storari ©Hémicycle
