Guide MICHELIN 2025 : deux nouveaux 2-Étoiles à Paris
Saluons avec effusion l’intronisation dans le club prestigieux des tables doublement étoilées de deux nouvelles adresses parisiennes. Sushi Yoshinaga (2-Étoiles 2025) est un écrin raffiné mêlant érable sycomore et céramiques japonaises où le maître sushi Tomoyuki Yoshinaga sublime des poissons d’une fraîcheur exceptionnelle. Derrière son comptoir intimiste, il cisèle thons gras et autres merveilles marines avec une précision joaillière, jouant sur textures, maturations et assaisonnements. Son menu omakase, enrichi de créations personnelles et de sauces maison, s’apprécie dans une ambiance complice, orchestrée avec brio par le chef et son directeur de salle. Le chef Shinichi Sato avait marqué les esprits dans son Passage 53. Aux fourneaux de Blanc (2-Étoiles 2025), il poursuit son art avec la même exigence. Produits d’exception, précision technique et harmonie des saveurs composent des assiettes magistrales, de l’oursin du Finistère à la lotte au gingembre. Une cave remarquable, notamment en Bourgogne, et un bar feutré aux précieux whiskys complètent cette expérience raffinée. Il renoue avec son prestige d’antan !

Les come-back
Dans la même veine, certains chefs que l’on avait apprécié en d’autres lieux et d’autres temps, reviennent avec jubilation : Marc Favier ouvre Le Tire-Bouchon Rodier après l’Étoile décrochée chez Marcore, Loïc Dantec (ex-114 Faubourg) dévoile Hestia, tandis que Takuya Watanabe (ex-Jin) s’installe chez Hakuba où son art du sushi n’a pas pris une ride. Au 19 Saint Roch, Pierre Touitou, idole des foodistas, signe un retour inspiré. Quant à Agapé, la table de Laurent Lapaire, incomparable dénicheur de talent depuis toujours, elle retrouve son Étoile, à l’instar également de Sushi Shunei.

Restaurants Étoilés parisiens : la nouvelle garde
Derrière ces têtes connues, une nouvelle palette de talents franchit le cap de l’Étoile. Aldéhyde du chef Youssef Marzouk, Amâlia de Cecilia Spurio et Eugenio Anfuso, Vaisseau d’Adrien Cachot et Origines Restaurant de Julien Boscus insufflent d’ores et déjà une énergie précieuse à la scène culinaire parisienne.

Grandes toques et petits formats
Les chefs réputés continuent de décliner leur savoir-faire et leur expertise à travers des adresses satellites. Frédéric Anton a ouvert La Ferme du Pré, Ducasse a posé sa griffe et son nom (évidemment) sur Ducasse Baccarat. Jean-François Piège revient avec un restaurant de pâtes, Clover Saint-Germain ; Grégory Marchand (Frenchie, une Étoile) livre son interprétation personnelle de la cuisine transalpine à L’Altro Frenchie, tandis que le chef Sylvain Sendra (Fleur de Pavé, une Étoile), a ouvert Petrus, quintessence du bistrot parisien de précision. Alan Geaam (une Étoile) décline sa cuisine libanaise en version végétale avec Qasti Green. Certains plats y sont déjà incontournables, comme le shawarma végétarien au céleri et champignons ou le daoud bata composé de boulettes de lentilles aux amandes et épices dans une sauce tomatée.

Paris est un village gastronomique : le succès des tribus
Certaines adresses, déjà couronnées de succès, se démultiplient en variant plus ou moins leur formule. C’est le cas de Calice ouvert par le propriétaire de Baillote. On ne change pas une recette gagnante : L’Évadé reprend un concept quasiment identique à celui de L’Escudella. Après Les Résistants situé à quelques centaines de mètre, Les Résistants - La Table prolonge le succès de la première adresse en haussant le propos gastronomique d’un cran, même si le menu déjeuner à prix plancher demeure. Avec Super Huit, l'équipe de Mieux frappe à nouveau en transformant un café d'angle en bistrot modeux des beaux quartiers. Quant au chef Thibault Sombardier (Mensae, Sellae), une tribu à lui tout seul, il ouvre une authentique table coréenne, Mojju.

Paris 2025 attire les chefs internationaux
Paris, dont l’image a été dopée par le succès des Jeux Olympiques 2024, continue d’attirer des chefs du monde entier. Maksym Zorin, Ukrainien, signe néanmoins à La Datcha une cuisine française bien trempée. En embuscade derrière un magnifique poêle en faïence comme dans l'Est, Piotr Korzen met la Pologne à l’honneur et la cuisine des mères chez Matka (mère en polonais). Du côté de la cuisine israélienne, Assaf Granit remplace son Balagan par un Kapara, un joyeux chaos où l’on mange presque en chantant, à moins que cela ne soit l’inverse. Elior Benaroche, son ancien second et complice depuis ses débuts, a ouvert Adraba.

Lieux décalés : le restaurant est partout en 2025
La bonne chère investit également des lieux décalés. Habile. allie mode et gastronomie dans un même espace : le chef cuisine au rez-de-chaussée tandis que sa compagne styliste expose ses créations à l’étage – surprise, des bocaux de cornichons se glissent entre les tenues. Misant sur la fusion cuisine-culture, Halo Paris se cache au fond d’un concept-store : le lieu se veut un hub culturel avec au sous-sol une petite salle d'expo, un bar à cocktails et une table d'hôtes.

L’increvable bistrot parisien
Paris continue de célébrer l'esprit bistrot avec une nouvelle vague d’adresses gourmandes et décomplexées. Cette dynamique ne faiblit pas : c’est celle du plaisir intelligent sans prise de tête. Elle fait feu de tout bois, transformant en bonnes tables des anciens bar PMU patinés à la nicotine ! La formule gagnante est éprouvée : une équipe ou un couple de jeunes formés dans les belles maisons (mais aussi des reconversions de diplômés passionnés), une formule déjeuner (souvent) à prix doux, un menu dégustation plus corsé le soir et toujours des produits frais de belle qualité, apprêtés avec science et goût. Bistrots parisiens emblématiques (comme Capsule) ou adresses plus résolument modernes, ces établissements offrent une cuisine authentique et accessible. Petrus, Phébé, L’Arpaon, Le Matré et Le Boréal réinventent la tradition avec générosité. Erso et Faubourg Daimant explorent des approches contemporaines, ce dernier proposant une version végétarienne de la cuisine bourgeoise. BRU, Le Tire-Bouchon Rodier et Super Huit affichent un esprit néo-bistrot, tandis que le Bistrot des Fables perpétue une certaine élégance dans l’assiette.


Paris 2025 prouve une fois de plus que sa table ne connaît ni lassitude ni frontières. Entre come-back inspirés, nouvelles Étoiles, lieux décalés et bistrots increvables, la scène gastronomique joue toutes les cartes. Qu’on se le dise : ce qui se passe dans l’assiette, c’est aussi ce qui fait battre le cœur d’une ville.