Restaurants 4 minutes 16 janvier 2025

Nouvelles tendances gastronomiques : que nous réserve 2025 ?

Des barbecues texans aux classiques chinois revisités, les Inspecteurs du Guide MICHELIN décryptent des tendances culinaires émergentes qui marqueront les menus cette année.

Vous ne résistez pas à un bon repas ? À l’autre bout du monde, vous goûtez à tout ce qui se mange et pouvez même faire un vrai détour pour tester une table incontournable ? Alors ne manquez pas ces quelques prévisions de nos Inspecteurs sur les grandes tendances culinaires de 2025 à travers le monde.

Avec deux cents repas par an, ces palais entraînés ont le don de débusquer les ingrédients star de nos futures assiettes, les cuisines qu’on va adorer ou les nouveaux gimmicks des chefs par-delà les frontières.

Le végétal magnifié 

Il fut un temps où manger au restaurant impliquait de choisir de la viande, laissant peu d’alternatives aux non-viandards. Face au nombre croissant de végétariens ou végétaliens, tant pour des raisons de santé que d'environnement, les restaurants adaptent leur offre à ces clients. S’ils devaient autrefois se contenter d’accompagnements pour respecter leur régime, ils peuvent désormais faire confiance à une nouvelle génération de chefs dont la créativité sans limite élève la cuisine végétarienne au niveau gastronomique en imaginant des plats de saison sans viande ni produits laitiers qui séduit tout le monde, y compris les omnivores ! Pour s'en convaincre, il suffit de regarder le travail du chef du restaurant végétarien Plates à Londres ou Ark à Copenhague ; ainsi que le Clair de la Plume dans la Drôme provençale et l'Alchémille en Alsace, qui proposent tous deux des plats autour du végétal au fil des saisons.

Plates, restaurant dédié à la promotion de la cuisine végétale. © Safia Shakarchi/Plates London
Plates, restaurant dédié à la promotion de la cuisine végétale. © Safia Shakarchi/Plates London

Plus de caviar et de charbon végétal, moins de sucre

En 2024, les blinis au caviar et à la betterave de minibar à Washington DC ou les tamales du Mixtli à San Antonio (plat mexicain à base de farine de maïs, farci de viande, de légumes ou de fruits) bien grillés et marqués, réhaussés de poudre de piment, ont étonné nos équipes. En 2025, la présence du caviar mais aussi du charbon végétal s’affirmera encore plus, allant jusqu’à s’inviter dans des associations inattendues… dans les plats bien sûr, mais aussi des desserts et des boissons ! L’occasion de s’essayer aux nuggets de poulet au caviar chez Coqodaq (New York), à la panna cotta infusée au caviar chez Quince (San Francisco) ou au cocktail Paloma Negra à base de charbon actif chez Quintonil (Mexico). En France, le chef Yannick Alleno adopte une approche minimaliste du sucre, le remplaçant par des alternatives moins connues comme le sucre de fruits et le sucre de bouleau.

Nuggets de poulet et caviar chez Coqodaq. © Evan Sung/Coqodaq
Nuggets de poulet et caviar chez Coqodaq. © Evan Sung/Coqodaq

La cuisson à la flamme ranimée

Nos Inspecteurs constatent un retour aux saveurs chaleureuses et authentiques de la cuisson au feu de bois. « Les clients préfèrent les saveurs fumées traditionnelles des grillades au charbon de bois ou celles des sautés cuits sur la flamme plutôt qu'avec des modes de cuisson électriques », explique l'équipe Asie du Guide MICHELIN, citant le Bar Kar à Kuala Lumpur qui illustre ce retour en force. Ailleurs dans le monde, des restaurants comme Brat à Londres, Embers à Brighton et La Bûche à Kyoto témoignent également de cette forte tendance (lire notre article anglais) . Pourtant, aucun endroit ne fait monter le rose aux joues comme le Texas aux États-Unis, qui compte, depuis fin 2024, 28 restaurants de barbecue figurant dans la première sélection du Guide MICHELIN local.

La perfection au feu de bois, comme dans ce plat d'agneau chez Embers à Brighton, en Angleterre. © David Charbit/Embers
La perfection au feu de bois, comme dans ce plat d'agneau chez Embers à Brighton, en Angleterre. © David Charbit/Embers

Un nouveau regard sur les traditions de l'Asie du Sud-Est

Peu de cuisines sont aussi diverses et ancrées dans la tradition que celles de l'Asie du Sud-Est. Pourtant, à mesure que les chefs de tout le continent retournent dans leur pays d'origine après des expériences à l'étranger, ils redessinent le paysage culinaire, mariant des recettes séculaires et des ingrédients locaux à des techniques innovantes et une vision plus globale. En 2025, plus que jamais, les restaurants gastronomiques de la Malaisie au Vietnam, de Singapour à Hong Kong, adopteront ce mélange d'ancien et de nouveau, avec notamment une approche mélangeant les ingrédients de l'Est et de l’Ouest au Dewakan à Kuala Lumpur ou le Seroja à Singapour, d'inspiration malaisienne.

La cuisine de Dewakan, authentiquement malaisienne. © Dewakan
La cuisine de Dewakan, authentiquement malaisienne. © Dewakan

La renaissance culinaire de la Chine

La Chine est depuis longtemps une destination du Guide MICHELIN, notre sélection s’est enrichie en 2024 de la province de Fujian (dans le Sud-Est du pays), confirmant ainsi la place incontournable que prend cette gastronomie dans le monde. « La Chine sera bientôt reconnue comme un trésor de saveurs culinaires », affirme notre équipe asiatique. « Par exemple, certains restaurants de Pékin réinterprètent la cuisine royale, c'est une manière de faire connaître et rendre accessible ces spécialités autrefois appréciées des empereurs ». Mais la tendance prend également une direction plus moderne : les chefs, comme ceux des restaurants Hakkasan et Obscura, à Shanghai, repoussent les limites en intégrant des éléments occidentaux dans des grands classiques, comme le canard laqué associé au caviar et le porc rôti cantonais dont le gras prend des allures de crème glacée.

Un festin culinaire à l'emblématique Hakkasan à Shanghai. © Hakkasan
Un festin culinaire à l'emblématique Hakkasan à Shanghai. © Hakkasan

Une gastronomie de plus en plus engagée

L'introduction de l'Étoile Verte MICHELIN en 2020 a marqué notre volonté de reconnaître les restaurants qui tentent d’imaginer une autre approche de la gastronomie en reconsidérant leur impact sur l’environnement, que ce soit à travers une architecture économe en énergie ou une agriculture régénératrice, une gestion des déchets vertueuse ou encore un approvisionnement auprès d'artisans et agriculteurs locaux. Cinq ans après son lancement, les restaurants de notre sélection sont plus que jamais engagés dans cette démarche et le nombre d'Étoiles Vertes ne cesse d'augmenter. Si en Europe de l'Est, des restaurants comme Eliksir à Gdansk et Natura Hill en Hongrie sont à l’origine du mouvement « de la ferme à l’assiette », les restaurants d’Amérique du Nord poussent encore plus leur engagement avec une politique « zéro déchet » (Acre à San José del Cabo), des techniques de fermentation (Brutø à Denver) et l'utilisation de ressources réutilisables (The French Laundry dans la Napa Valley). Les restaurants en France, quant à eux, se distinguent par leur implication dans une pêche plus responsable, qu'il s'agisse de poissons abattus selon l'ikejime (technique japonaise consistant à neutraliser le système nerveux de l'animal vivant avant de le saigner) chez Christopher Coutanceau à La Rochelle ou de sushis aux poissons bretons chez Hinoki à Brest.

La cuisine mexicaine contemporaine et décontractée d'Acre est rehaussée d'influences asiatiques, les plats sont simples mais élégants et le cadre magnifique. © Adriana Diaz/Acre
La cuisine mexicaine contemporaine et décontractée d'Acre est rehaussée d'influences asiatiques, les plats sont simples mais élégants et le cadre magnifique. © Adriana Diaz/Acre

Tacos, grillades thaïlandaises et autres saveurs du monde

En 2025, les voyageurs sont de plus en plus curieux de découvrir un pays à travers sa cuisine et ses restaurants. À Londres, le Guide MICHELIN relève un nombre croissant de tables qui servent une cuisine exotique allant de l'Afrique de l'Ouest (Akoko, Chishuru), à la Thaïlande avec ses grillades (Kiln) en passant par la Géorgie avec Kinkally qui sert notamment des boulettes farcies assez uniques à base de langoustines, de potiron et de bœuf. On note aussi des restaurants coréens et mexicains qui n'utilisent que des ingrédients britanniques (Dosa et Kol, respectivement). En France, on retrouve des saveurs franco-tunisiennes chez Aldéhyde (Paris), coréennes chez Sétopa (Paris) et moyen-orientales chez Kedem (Bordeaux). Les classiques de la street food recevront également les honneurs qu'ils méritent : un an seulement après le lancement par le Guide MICHELIN de sa sélection au Mexique, plus de 20 taquerias y figurent déjà, dont El Califa de León, qui a reçu une Étoile MICHELIN.

En apportant une touche de fraîcheur dans le quartier de Charlotte Street, ce restaurant géorgien branché célèbre les raviolis appelés khinkali. © Sergei Melnikov/Kinkally
En apportant une touche de fraîcheur dans le quartier de Charlotte Street, ce restaurant géorgien branché célèbre les raviolis appelés khinkali. © Sergei Melnikov/Kinkally

Le « soft-pairing », l’accord mets sobre

Le vin n’est plus l'apanage des menus-dégustation. Ce penchant déjà relevé en 2024 s’affirmera cette année et verra l'essor d'accords inventifs entre les boissons sans alcool – cocktails audacieux, décoctions, boissons infusées, thés… Loin de perdre le coté joyeux du vin, cette alternative donne une dimension artistique et aventureuse à l’expérience culinaire. Une inspiration venue d’Asie, où traditionnellement on consomme peu de vin, au profit d'autres boissons qui s'harmonisent tout aussi bien avec les multiples cuisines du continent. Le Lu Shang Lu de Pékin propose des accords de thés choisis par un sommelier interne, tandis qu'au MAZ de Tokyo, l'association sans alcool « Expérience et sens » propose des infusions, des extraits et des élixirs qui rehaussent la saveur.


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