On y a vu dîner des stars, murmurer des secrets, écrire des histoires. Dans ces hôtels et restaurants français distingués par le Guide MICHELIN, les saveurs se mêlent aux scripts. Décors de films, scènes cultes, atmosphères intriguantes : ces lieux d’exception ne font pas qu’accueillir les voyageurs et les gourmets, ils inspirent aussi les réalisateurs. Du raffinement d’un palace parisien à la poésie d’un village provençal, à l'approche du Festival de Cannes, voici une sélection d’adresses qui ont su inspirer Alfred Hitchcock, Brian De Palma ou encore Woody Allen.

Le Bristol, Paris
Midnight in Paris (Woody Allen, 2011)
Dans Midnight in Paris, bonbon doux-amer nostalgique de Woody Allen, chaque décor est un hommage vibrant à l’élégance intemporelle de la capitale. Le Bristol, ce palace mythique de la rue du Faubourg Saint-Honoré, symbolise cette perfection à la française. Gil (Owen Wilson), écrivain rêveur en quête d’absolu, s’attable au Bristol aux côtés d’Inez (Rachel McAdams). Lui s’égare dans des rêveries d’un Paris révolu, elle ne voit dans ce lieu qu’un décor mondain. Pourtant, le palace cinq étoiles — doté du restaurant triplement étoilé Épicure — incarne l’âme de la ville : feutrée, élégante, chargée d’histoire. Le Bristol devient alors un écrin pour ce tiraillement entre deux mondes, celui du confort moderne et des passions anciennes. Paris semble offrir cette nostalgie douce et ce désir d'ailleurs temporel, à la croisée des chemins avec Hemingway, Cole Porter et Fitzgerald.

Molitor, Paris
L'Odyssée de Pi, d'Ang Lee (2012)
La piscine Molitor a été, des années 1920 aux années 1980, un lieu unique à Paris : une piscine intérieure et extérieure qui, dans toute sa splendeur Art Déco, ressemblait à un sous-marin tout droit tiré d’un roman de Jules Verne. Après un quart de siècle de désuétude, au cours duquel il est devenu le laboratoire d’un street-art parisien en plein essor, cette piscine a trouvé une seconde vie en tant que complexe balnéaire — mais cette fois-ci, c’est un hôtel de luxe qui s’est emparé des lieux, le Molitor Paris, conçu par l'architecte Jean-Philippe Nuel et exploité par le groupe Accor sous la marque Mgallery. Cette piscine, justement, donne son nom au personnage principal du film L'Odyssée de Pi, Piscine-Molitor Patel (qui se fait appeler Pi, dans le long-métrage). Ce prénom, pour le moins original, est soufflé par l'oncle de Pi, subjugué par cette piscine capable de rendre une âme pure par son eau cristalline.

Le Plaza Athénée, Paris
Sex and the City (série; Darren Star, 2004)
Le Diable s'habille en Prada (David Frankel, 2006)
Fauteuils d'orchestre (Danièle Thompson, 2006)
Emily in Paris (série; Darren Star, 2020)
Il est de ces lieux qui semblent avoir été créés pour la caméra — le Plaza Athénée en fait partie. Fasciné par l'âme de l'établissement, Christian Dior, l'inventeur du new-look en était tombé en amour, et y fit même défiler sa collection inaugurale en 1947. Dans Sex and the City, la fashionista Carrie Bradshaw y pose ses valises le temps d’une escapade parisienne aussi romantique que chaotique : draps immaculés, balcon sur la Tour Eiffel, room service en stilettos… tout y est. Même décor de rêve dans Le Diable s’habille en Prada, où Meryl Streep, impérieuse et sublime, y séjourne lors de la Fashion Week, entre deux envolées de soie et de sarcasmes dilués au mimosa vitriol. Plus proche de nous, Emily in Paris fait du palace un symbole du chic à la française, refuge doré de l’héroïne en quête de glamour et de repères. Et dans Fauteuils d’orchestre, Danièle Thompson y installe le cœur battant de son film choral, entre artistes, collectionneurs et grandes fortunes — comme un clin d’œil à la comédie humaine qui s’y joue chaque jour. Rouge emblématique, dorures raffinées, service millimétré : au Plaza, le luxe n’est pas une façade, c’est un art de vivre, capturé à merveille par la pellicule !

Ritz, Paris
Un Américain à Paris (Vincente Minnelli, 1952)
Ariane (Billy Wilder, 1957)
Tout le monde dit I love you (Woody Allen, 1997)
Da Vinci Code (Ron Howard, 2006)
C’est une adresse qui ne se contente pas d’exister dans la réalité : le Ritz Paris hante aussi les écrans. Dans Un Américain à Paris, Gene Kelly rêve de romance et d’élégance à la française, et la place Vendôme devient le décor d’un Paris fantasmé, où le luxe n’est jamais loin. Quelques années plus tard, Audrey Hepburn se faufile avec malice dans les couloirs du palace dans Ariane, jouant les jeunes ingénues face à Gary Cooper dans une comédie sentimentale au charme suranné. Des décennies plus tard, Woody Allen filme le Ritz dans Tout le monde dit I love you, où la magie opère en musique et en danses feutrées. Enfin, dans Da Vinci Code, le Ritz devient le théâtre d’un luxe mystérieux, refuge cossu du professeur en symbiologie Robert Langdon. Autant d'histoires et d'ambiances pour un même fil conducteur : l’aura magnétique d’un lieu hors du temps.

La Tour d'Argent, Paris
Ratatouille (Brad Bird, 2007)
Véritable institution parisienne, la Tour d’Argent fascine depuis des siècles par son prestige et sa vue imprenable sur la Seine et Notre-Dame. Ce restaurant mythique inspire jusqu’aux studios Pixar : pour préparer Ratatouille, le réalisateur Brad Bird a dîné dans plusieurs grands restaurants parisiens et a été particulièrement inspiré par la Tour d'Argent. Entre les cuisines brillantes de cuivre, les cloches de service argentées et les scènes de dégustation exaltées, on retrouve l’élégance à la française qui fait la renommée du restaurant, devenu le temps d'un long-métrage celui d'Auguste Gusteau, où le petit rat Rémy dévoile son génie culinaire. Un hommage nostalgique et savoureux à l’excellence gastronomique française.

Hôtel Martinez, Cannes
Le Porte-veine (André Berthomieu, 1937)La Cité de la Peur (Alain Berberian, 1994)
Sur la Croisette, le Martinez est plus qu’un palace : c’est une scène. Derrière sa façade Art déco et ses palmiers sentinelles, ce monument du luxe cannois s’impose comme une star à part entière. Dès 1937, il s’offre déjà un rôle au cinéma dans Le Porte-veine, cette charmante comédie où Lucien Barou incarne un groom malchanceux et attendrissant, évoluant dans les couloirs feutrés du palace avec une maladresse désarmante. Quelques décennies plus tard, La Cité de la Peur, comédie culte signée Les Nuls, lui offre une nouvelle apparition, plus burlesque encore. Le Martinez devient le théâtre d’un festival du film aussi absurde que mémorable, entre attachée de presse fantasque, projections catastrophiques et chorégraphies improbables. Dans ces deux films que tout oppose — l’un tout en douceur rétro, l’autre résolument déjanté — le palace cannois incarne avec panache ce mélange de prestige, de glamour et de fantaisie qui fait tout le sel du cinéma… et de Cannes ! Alors que revoilà la sous-préfète...

Le Majestic, Cannes
Mélodie en sous-sol (Henri Verneuil, 1963)
Femme Fatale (Brian de Palma, 2002)
Face à la mer, entre palmiers et tapis rouges, l’Hôtel Barrière Le Majestic incarne cette élégance très cinéma qui fait battre le cœur de Cannes. Mais ne vous y trompez pas, ce palace mythique est bien plus qu’un repaire de festivaliers : c’est un décor de cinéma à part entière. Dans Mélodie en sous-sol, le duo culte formé par Jean Gabin et Alain Delon prépare un casse audacieux dans le coffre du Majestic — une intrigue haletante entre tension feutrée et faste des couloirs. La Suite Mélodie se fait un hommage à ce chef-d'oeuvre, avec une vue de rêve sur la mer, des portraits des deux stars ornant les murs. Des décennies plus tard, c’est Brian De Palma qui s’empare de l’hôtel dans Femme Fatale, thriller vénéneux où Rebecca Romijn incarne une voleuse de bijoux à la silhouette hypnotique, lors d’un cambriolage spectaculaire en plein Festival de Cannes. Reflets dorés, couloirs secrets et balcons en surplomb de la Croisette : c'est simple, au Majestic, chaque plan semble taillé pour la caméra.

Hôtel Carlton, Cannes
La main au collet (Alfred Hitchcock, 1955)
French Kiss (Lawrence Kasdan, 1995)
À Cannes, l’Hôtel Carlton est une perle de la Croisette… et du grand écran. Ce palace légendaire a vu défiler les stars sur sa terrasse autant que devant ses caméras. C’est ici, entre balustrades Belle Époque et voilages dansants, que Cary Grant et Grace Kelly se retrouvent dans La Main au collet d’Alfred Hitchcock (la chambre 623, utilisée dans le film, sera d'ailleurs renommée en hommage au réalisateur). Sur fond de Riviera ensoleillée et de bijoux dérobés, le film offre une déclaration d’amour au glamour cannois, avec le Carlton en séduisante toile de fond. Quelques décennies plus tard, c’est au tour de Meg Ryan de s’y aventurer dans French Kiss, charmante comédie romantique pleine de quiproquos, où l’hôtel incarne ce fantasme très français d’élégance et de dolce vita. Entre scènes cultes et panoramas de carte postale, le Carlton continue d’écrire sa propre légende.

La Chèvre d'Or, Èze
Sans plus attendre (Rob Reiner, 2007)
Suspendue entre ciel et mer, la Chèvre d’Or domine la Méditerranée depuis son nid d’aigle à Èze. Ce restaurant gastronomique a l’art de sublimer la Riviera — et Hollywood ne s’y est pas trompé. Dans Sans plus attendre, Morgan Freeman et Jack Nicholson s’y arrêtent lors de leur tour du monde des merveilles à vivre avant de mourir. L’une des plus belles scènes du film, entre humour tendre et paysages à couper le souffle, capture la terrasse ensoleillée de la Chèvre d’Or, ses assiettes raffinées et cette lumière d’azur inimitable. Une parenthèse de grâce, cinématographique et culinaire, aujourd'hui portée avec brio par le chef et MOF Tom Meyer.

Hôtel Paradiso, Paris
Même s'il n'apparaît pas dans une super production, cet hôtel, tout proche de la place de la Nation, à Paris, s'est déjà fait une solide réputation auprès des cinéphiles ! La maison de production, le distributeur et la chaîne de cinémas MK2 se sont lancés dans l'hôtellerie à Paris avec cette première adresse, entièrement dédiée au 7ème art. Chacune des 36 chambres est ainsi équipée d'un projecteur, d'un écran et d'un système audio de qualité cinématographique, ainsi que d'un accès à un catalogue de... 10 000 films ! Chambres élégantes, mobilier moderne, œuvres d'art liées au cinéma, toit-terrasse offrant des projections en plein-air... De quoi flirter entre fiction et réalité. A quelques pas, le cinéma MK2 du quartier propose également une expérience cinématographique traditionnelle, et accueille La Loge, un salon privé de six places donnant sur l'une des salles, réservée aux clients de l'hôtel.