Gregory Marchand s’est créé son identité culinaire entre New York, Londres et Paris. J’avais été séduit par mon repas au restaurant Frenchie en début d’année : l’ambiance y était chaleureuse et décontractée, les plats aux notes voyageuses jouaient sur une palette subtile d’amertume, d’acidité et de fumé. J’ai aussi aimé ce côté très professionnel sans trop se prendre au sérieux – ça tombe bien, comme le savent les lecteurs du Guide MICHELIN, les étoiles ne s’attribuent pas sur le cérémonial du service ou le confort, mais uniquement sur la qualité de l’assiette !
Fort de ce bon souvenir je décide donc de passer commande sur le site de livraison Tiptoque. Le site est bien conçu, le choix des menus est clair, avec tous les allergènes bien notés pour chaque plat. J’opte pour le menu à 52€, qui reprend le même déroulé que le dîner au restaurant en 5 étapes. Les intitulés des plats sont alléchants, ça donne l’eau a la bouche…
La livraison se fait a l’heure dite. Le panier est composé de petites boîtes en forme d’origami qui sont recyclables, elles ont chacune des pastilles de couleurs avec les sauces correspondantes : un exemple de clarté, impossible de s’emmêler les pinceaux dans les dressages. Les instructions de réchauffage sont également précises et simples à exécuter. On commence en amuse-bouche par deux petites gougères bien dodues a enfourner 2 minutes au four, surmontées d’un craquelin au sumac, à tremper dans la sauce au labneh au zaatar, qui éveille gentiment le palais...
Les carottes au vadouvan. La première entrée est composée de délicieuses petites carottes qui sont cuites fondantes, accompagnées d’une sauce au vadouvan au parfum délicatement épicé, garnie de dattes medjool posées sur un lit de petit épeautre bien tendre. Une crème mascarpone apporte une touche de douceur, c’est une association originale tout en contrastes, aux notes orientales bien senties qui révèlent agréablement la saveur des carottes.
La truite de Banka. Réchauffée a feu doux, elle a une texture bien moelleuse. Elle est garnie de fenouil braisé, d’un kumquat grillé apportant une agréable saveur acidulée, assortie d’un jus de bouillabaisse bien marqué en gout, et de quelques brins d’aneth qui apportent une légère touche anisée, complétés de petits choux fleurs en pickles : une jolie assiette colorée avec un bel équilibre en goût et texture.
Le suprême de volaille fermière. Il a une saveur bien persillée et savoureuse, la volaille est contisée sous la peau d’une fine duxelle de champignons infusant délicatement la chair, nappée d’un jus un peu gras déglacé aux sucs de cuisson qui a beaucoup de goût, et servie avec un feuille à feuille de pomme de terre et céleri en fines lamelles délicatement rôties et dorées. C'est croustillant à l’extérieur et fondant à l’intérieur. Enfin, une endive braisée apporte une petite touche d’amertume bienvenue.
Dessert chocolat, malte et cacahuètes. Une tartelette a la crème onctueuse de chocolat malté qui a des saveurs chaleureuses en bouche, à la fois fruitées et chocolatées, coiffée d’une mousseline et d’éclats de cacahuètes avec une touche de sel renforçant par contraste la saveur du chocolat. La sauce caramel au beurre salé parachève avec bonheur ce dessert fin et gourmand.
En conclusion. Comme toutes les prestations a emporter, on ne peut bien sûr pas attendre exactement la même précision et le même éclat gustatif que lors d'un repas fait dans un restaurant étoilé, où une brigade prépare et dresse les plats à la minute. Ceci étant dit l’expérience Frenchie à la maison se révèle tout à fait convaincante, on passe un très bon moment avec un repas bien conçu, sain et original.
En plus des menus qui changent chaque semaine, on peut commander quelques extras dont l’excellent pain de campagne de Thierry Breton, la fameuse terrine de campagne maison avec piccalilli, des scones au bacon et même un panier de Noël très festif pour 6 personnes avec une poularde de Culoiseau prête à enfourner.
Une étoile MICHELIN : une cuisine d’une grande finesse. Vaut l’étape !
