"J'ai lancé des cagnottes en crowdfunding pour encourager le personnel soignant. On fait des pâtisseries issues du territoire que l'on achemine ensuite jusqu'aux hôpitaux locaux, comme le CHU de Marseille. On s'assure évidemment d'avoir zéro contact avec les personnels de l'hôpital, on dépose le colis, ils le récupèrent. Le resto gastronomique était déjà entre parenthèses avant le confinement, car il y avait beaucoup d'annulations de réservations. J'avais décidé de rouvrir notre bistrot plus tôt que prévu… au bout du deuxième soir, la fermeture a été annoncée ! La gendarmerie a déboulé à 20h30 pour fermer le restaurant immédiatement. Bistrot et hôtel étaient pleins, j'avais 120 couverts de réservés pour le lendemain… Il a fallu gérer au mieux. Je ne me laisse pas déborder : j'ai un caractère positif, et j'ai traversé des épreuves de santé qui m'ont appris la résilience. Je suis d'abord une chef d'entreprise : je m'informe, j'écoute, je prends des décisions, je ne peux pas me laisser aller à l'anxiété.
“Ce qui arrive renforce mes convictions”
Je travaille pour être prête pour une réouverture en mai. Je fais des tests chez moi, je fais goûter à ma mère (Reine Sammut, ndlr) qui est confinée avec moi. C'est bien qu'elle soit là : j'ai parfois besoin d'être rassurée, je suis heureuse de pouvoir m'appuyer sur son expérience. La leçon de cette crise, c'est évidemment qu'il faut recentrer l'activité, favoriser la production locale. On le savait, mais il faut souvent un gros problème pour éclairer la réalité. Ce qui arrive renforce mes convictions, me pousse à continuer ma réflexion : notre restaurant gastronomique va devenir encore plus indépendant (potager, arbres fruitiers), je monte une fondation liée à l'agriculture, l'alimentation et la santé. Nous devons relocaliser tout ce qui peut l'être. Et en attendant, le confinement me laisse du temps libre : j'en profite pour me reposer un peu…"
Nadia Sammut est la cheffe de L'Auberge La Fenière, à Cadenet (84).