Reportages 2 minutes 02 septembre 2020

Ces termes culinaires entrés dans le langage courant

Les carottes sont cuites, la fin des haricots... Le monde de la cuisine a toujours été une grande source d'inspiration pour notre langage quotidien. Mais où a-t-on été pêcher ces expressions ?

"Les carottes sont cuites"

La nantaise, la Touchon ou la Carentan, qui paradent de toutes leurs couleurs sur les tables étoilées, n’ont pas toujours été à la fête. Au 17e siècle, ne "vivre que de carottes", aliment du pauvre, illustrait l’indigence. Rien ne s’arrange au 19e siècle où "avoir ses carottes cuites" s’employait au sujet d’un mourant. L’expression a ensuite évolué pour finalement annoncer que tout espoir est perdu.

"Se mettre la rate au court-bouillon"

Hippocrate ou Frédérique Dard ? La provenance de cette curieuse métaphore est inconnue, mais deux filiations sont proposées. Le médecin grec de l’Antiquité fut le premier, dans sa théorie des humeurs, à mettre sur le dos de notre rate l’origine de la mélancolie. Quant à l’auteur de San Antonio, il fit de "la rate au court-bouillon" le titre de l’un de ses ouvrages, paru en 1965. Que le truculent écrivain ait cuisiné les traités du père de la médecine est possible, voire réjouissant. Quoi qu’il en soit, cette expression, comme celle de "se faire de la bile" ou "du mauvais sang", signifie qu’on a de sérieux soucis.

"Couper la poire en deux"

Ici, pas d’ambiguïté, le sens est limpide : il s'agit de partager quelque chose en deux parts égales, de trouver un juste compromis. Mais pourquoi une poire plutôt qu'une pomme ou une pêche ? Cela semble remonter à la fin du 19e s. et la publication d'une saynète où deux interlocuteurs souhaitent chacun déclamer leur texte et décident alors de "couper la poire en deux". Que la saynète ait donné naissance à l'expression, ou l'inverse, le mystère demeure...

Couper la poire en deux. ©Arnaud Boutin/Michelin
Couper la poire en deux. ©Arnaud Boutin/Michelin
"Ne plus avoir un radis"

Ce petit bout de plante crucifère, peu onéreux, s’offrait au 19e siècle dans les estaminets du nord de la France pour stimuler la soif. L’ancêtre, en quelque sorte, de nos cacahuètes garde encore une valeur fiduciaire et s’emploie le plus souvent à la forme négative pour informer qu’on n’a plus de blé, d’oseille ou de biscuits. Bref, d’argent.

"C’est la fin des haricots"

Les haricots blancs, baptisés aussi fayots, sont des légumineuses à haute teneur en protéines et se conservent longtemps. Au 18e siècle, quand la marine de France avait boulotté tous ses produits frais et animaux vivants, il ne restait dans la cambuse que les fayots. "Naviguer sous le cap fayot" signifiait l’amenuisement des réserves comestibles, et donc… la fin des haricots.

"Tomber dans les pommes"

L’expression ne découle pas d’une fréquence hors norme d’évanouissements de pomiculteurs au milieu de leur récolte. La locution a pu être attribuée à une analogie entre "pâmes" (tomber en pâmoison) et "pommes". Mais l’origine créditée à George Sand, qui dans une lettre avouait "être dans les pommes cuites", est plus probable, d’autant qu’au 19e siècle il n’était pas rare de bombarder les acteurs dont on était mécontent de la prestation de pommes cuites. Les comédiens avaient de bonnes raisons de se trouver mal.

Tomber dans les pommes. ©Arnaud Boutin/Michelin
Tomber dans les pommes. ©Arnaud Boutin/Michelin
"En faire tout un fromage"

La France, qui s’y connaît en pâtes dures, molles, persillées, cuites, non cuites, pressées ou pas, sait combien à partir d’un simple seau de lait (et d’un sacré savoir-faire) on peut obtenir un produit magnifique. L’expression date du 20e siècle et dénonce une tendance à exagérer une situation, à se faire une montagne de quelque chose d’anodin. Mais le fromage n’a pas le monopole de la métaphore, on peut également "en faire tout un plat"...

Mais aussi :

Se prendre une châtaigne, faire le poireau, raconter des salades, la cerise sur le gâteau, être dans les choux, mettre du beurre dans les épinards, haut comme trois pommes, faire chou blanc, en rang d’oignons, ramener sa fraise, appuyer sur le champignon, ménager la chèvre et le chou, avoir la pêche, faire son beurre, avoir un œil au beurre noir, être une vache à lait, se faire rouler dans la farine, mi-figue, mi-raisin, boire du petit-lait… et tant d'autres !


Cet article est issu de "M", le Grand Livre du Guide MICHELIN, une coédition Le Guide MICHELIN & les Éditions de La Martinière.

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