Actualités 1 minute 01 mai 2020

Le quotidien des chefs confinés : Alexandre Couillon

Contraints par les ordres de confinement, les chefs se retrouvent au chômage technique. Nous leur avons demandé comment ils occupaient leur temps libre. Aujourd'hui, Alexandre Couillon, chef de La Marine, à L'Herbaudière (Noirmoutier).

"La fermeture a été si soudaine et douloureuse. Personne n’aime arrêter de travailler, ni appeler ses clients pour annuler. Au début, on a voulu envoyer des plateaux repas, ça a été la bousculade, on a arrêté. Maintenant, on se contente d’aider les gens alentours. On cuisine pour les équipes, les copains, ou mes parents, qui passent par derrière, sans contact.

Je m’occupe beaucoup de mon potager. Estelle, ma jardinière y va le matin, moi l’après-midi. Je viens de ramasser une quarantaine d’artichauts, que j’ai conservés à l’huile d’olive, avec des aromates, dans des bocaux, à la façon italienne. Les asperges blanches, on les met dans la saumure, comme nos grands-parents. La nature nous rappelle aux saisons et aux générations.

Ce qui a changé, c’est qu’on prend le temps en famille. On joue au Monopoly, on remet le tourne disque, on évite d’allumer la télévision. Et bien entendu je cuisine, hier, des huîtres chaudes au champagne, demain un poulet… On fait notre pain, des brioches. Le reste du temps, j’entretiens la maison. Depuis le début du confinement, j’ai tout repeint - murs en blancs, portillons en gris ; j’ai construit de petits tabourets avec des tronçons de bois. Et je cours chaque jour trois kilomètres sur mon parking, entre les voitures…

“Tous les jours, je nettoie la cuisine comme si nous allions reprendre demain matin”

Depuis une semaine, nous avons repris une petite activité de vente à emporter à la Table d’Elise. Cela permet de casser le quotidien et de faire rentrer un peu de trésorerie. Pour 20 euros, nous proposons entrée, plat et dessert (les menus sont affichés sur la page Facebook de la Table d’Elise) : les box sont prêts à dix heures du matin et conditionnés pour le transport. J’ai été ravi qu’un couple me demande un plat spécial pour leurs trente ans de mariage. Les gens ont besoin de sortir et de penser à autre chose.

Le plus déroutant, c’est qu’on ne sait pas quand cela va se terminer. Je continue à me lever à six heures, je regarde les bateaux à quai. C’est triste, un port immobile. En dehors de quelques petits côtiers, la vie est à l’arrêt. On espère en sortir indemnes. Alors tous les jours, qu’il pleuve ou qu’il vente, je nettoie la cuisine, comme si demain matin, les bateaux allaient reprendre la mer et la vie son cours normal…"

Alexandre Couillon est le chef de La Marine, à L'Herbaudière (Noirmoutier).

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