J'ai toujours considéré que les hôtels les plus cools d'Austin étaient ceux du quartier de South Congress. Ils le sont car ils incarnent cet esprit festif et branché de la ville. L'hôtel Commodore Perry Estate, lui, est cool dans le sens où l'on peut y déguster un cocktail raffiné, installé sur une chaise violette à motif Art déco sous une tête de zèbre, tout en écoutant une conversation animée sur le design de la pièce et toute l'Histoire dont a été témoin ce patio. Justement, ce patio, usé par le temps et aux motifs complexes est un autre endroit de choix pour savourer ce cocktail. Il s'ouvre sur les jardins verdoyants d'un domaine baigné de soleil qui évoquerait presque la vallée de la Loire... mais sous le soleil implacable du Texas. La piscine est discrètement éloignée des rangées de haies bien entretenues et d'impressionantes fontaines, à l'architecture et la conception léchées, sont dispersées entre elles.
Si vous n'êtes pas familier avec Austin : ne vous habituez pas à cette ambiance ! Cet hôtel phare de la ville – l'un des trois seulement au Texas auxquels mes collègues et moi avons attribué une note de deux-Clefs – ressemble moins à Austin qu'au Shangri-La décrit par James Hilton (dans Les Horizons Perdus). Nous ne sommes pas du côté de South Congress, mais dans le quartier verdoyant et suburbain de Hyde Park. Ce quartier central qui abrite le Commodore est à quelques minutes de vélo de l'hyper-centre. Mais une fois les portes du domaine franchies, on se sent dans un autre monde.
J'ai séjourné dans une chambre tendance et luxueuse du nouveau bâtiment, avec un lit à baldaquin comme élégante pièce maîtresse d'une chambre spatieuse aménagée avec goût. Le personnel était sympathique et attentionné, et j'ai eu l'agréable surprise de découvrir, en retournant dans ma chambre, des pommes provenant du verger de l'hôtel. Mais la magie du domaine réside dans la maison éponyme du Commodore. Les résidents l'apprécient pour un long week-end ou bien des occasions spéciales à célébrer. Les chanceux voyageurs qui y séjournent se mêlent aux visiteurs privilégiés du club privé du domaine. Les repas sont servis dans n'importe quelle pièce de la maison, où le mobilier éclectique de l'un des meilleurs designers américains, Ken Fulk, est sublimé par les détails 1920 magnifiquement restaurés. Le propriétaire historique du domaine, M. Perry lui-même, semblait avoir quelque chose à prouver !
Lors de ma visite, je me suis offert un repas dans l'après-midi sur le patio, composé de poulet frit, de hushpuppies (des petits beignets à base de farine de maïs) et d'un cocktail signature, entouré de déjeuners d'affaires plutôt huppés. Le soir, j'ai laissé le concierge me réserver une table au Lutie’s, le restaurant (sélectionné au Guide) du domaine, et j'ai savouré, plat après plat, une cuisine exquise inspirée du Texas, me régalant par exemple de leur pain fait maison, iconique, accompagné de... camembert !
Le voyageur plus timide pourrait se sentir un intimidé, comme s'il avait été téléporté accidentellement dans le Sud aristocratique et raffiné dans une Amérique d'un siècle passé, oubliant son ombrelle. Puis, il remarquera un objet d'art – disons, cet énorme téléphone rotatif novateur sur la table d'appoint – et se rappellera qu'en fait, l'hôtel ne se prend pas trop au sérieux. C'est un endroit chaleureux pour un séjour spécial, et selon nous, les Inspectrices et Inspecteurs du Guide MICHELIN, c'est tout simplement le meilleur hôtel à Austin.






