Premier indice du respect qu'inspire la tradition du risotto : la plupart des terroirs du riz italien relèvent d’une appellation d’origine protégée (AOP ou IGP). L’histoire du risotto semble remonter à la Sicile médiévale ; son implantation en Lombardie résulterait d’échanges commerciaux entre le nord et le sud. Le classique riz safrané à la milanaise semble avoir été servi pour la première fois en 1574 au mariage de la fille d’un grand maître verrier milanais. En hommage à l’artisan, on lui servit un riz au safran, épice dont il se servait pour colorer le verre de ses vitraux. On ne parlait encore que de riso, et on le fit longtemps : le terme "risotto" n’apparut pas avant la seconde moitié du 20e siècle.
“Le riz naît dans l’eau et meurt dans le vin – proverbe italien”
Le riz italien est de type japonica, c’est-à-dire à grains courts et riches en amidon (le riz long est de type indica). Les cultivars les plus connus sont l’arborio, à grains moyens ; le carnaroli, à gros grains, très prisé pour sa capacité d’absorption. Le vialone nano, à petits grains, est recherché pour les risottos aux produits de la mer. Balilla et maratelli sont des variétés anciennes, et les excellents baldo et rosa marchetti sont souvent produits en agriculture biologique. Les riz noirs sont de création récente : 1997 pour le venere, issu du croisement d’une variété italienne et d’un riz noir chinois, et 2005 pour l’artemide, croisé avec un riz indica. La première étape de préparation d’un risotto, la tostatura, consiste à le faire revenir au beurre ou, à Milan, à la moelle de bœuf, avec ou sans oignons, échalote ou ail. Le premier mouillage se fait au vin blanc et les suivants au bouillon — safrané ou non —, ajouté au fur et à mesure de son absorption.
Faut-il remuer le riz continuellement ? C’est un mythe. Pour obtenir une belle texture veloutée, il suffit de quelques coups de spatule de temps à autre. Et si, en Vénétie par exemple, on aime le riz assez liquide (all’onda), toutes les textures existent : pour la version véronaise all’isolana, le bouillon est ajouté en une fois, ce qui donne un riz plus compact. Au bout de quinze à dix-huit minutes (les écoles s’affrontent), lorsque le riz a atteint l’onctuosité voulue et que le grain est encore légèrement al dente, il est temps de procéder à la dernière étape, la mantecatura, ajout de beurre et de parmesan. Et, éventuellement, des garnitures de votre choix : légumes, viande, poisson… Ensuite, il n’y a plus qu’à servir le risotto sans lui laisser le temps de refroidir. S’il en reste (chose rare), faites des arancini, des supplì ou même un gratin.
La recette : risotto simple au parmesan
Recette mise au point par Simone Zanoni, chef du George, le restaurant méditerranéen du Four Seasons Hotel George V à Paris.
Ingrédients pour 4 personnes
Recette
3. Au bout de 15 minutes de cuisson, retirez du feu. Le risotto doit contenir encore un peu de liquide. Dès que la température commence à baisser, l’échange entre liquide et amidon commence. Le riz absorbe l’eau tout en libérant son amidon. Quand la température descend à 85 °C, montez le risotto à la spatule avec le reste du beurre en incorporant de l’air. Quand il arrive à 78-80 °C, ajoutez le parmesan et continuez de monter le risotto. L’amidon, le liquide et le beurre ont formé une liaison. Goûtez, salez et poivrez légèrement. Dressé dans l’assiette, il doit être crémeux, mais garder sa forme.