Construit face au mausolée de l’empereur romain Auguste (circa 26 avant J.C), le Bulgari Hotel Roma, récompensé d'une Clef MICHELIN, invite à un voyage dans le temps. Autour de cette imposante et antique construction circulaire, le grand architecte rationaliste Vittorio Morpurgo a créé en 1938 une sorte de forum moderne, en cernant de colonnes le monument sur trois côtés. Sur le quatrième sera adjointe en 2006 une structure de verre, écrin du musée de l’Ara Pacis (un petit temple sacrificiel à ciel ouvert) réalisé par l’architecte Richard Meier. Carrefour sempiternel du passé et du présent, l’emplacement historique se pare désormais, depuis 2023 – après dix ans de travaux – de l’hôtel de luxe Bulgari dans l’un des bâtiments de Morpurgo.
Un lieu extraordinaire pour déguster son petit-déjeuner. Servi 24 heures sur 24, il se décline en versions continentales classiques, mais aussi arabe et chinoise. Plutôt matinale que noctambule, je préfère m’installer dans la salle intérieure du Bulgari Café, plus confortable en ce matin vif que les tables à l’extérieur, habituellement convoitées derrière leur écran végétal luxuriant.
Avec autant d’efficacité que de grâce, arrive le petit-déjeuner servi à table. Bec sucré le matin, je délaisse les œufs à la royale, le ful medame – petit-déjeuner végétalien égyptien – ou la soupe aux raviolis wanton, pour un traditionnel maritozzo à la romaine. Un choix trop classique ? Je dirais plutôt incontournable quand l’on sait que cette spécialité est difficile à trouver hors de Rome, où elle est surtout bien réalisée. Difficile donc de résister à l’attrait de cette brioche si gourmande avec son fourrage de crème fouettée et de crème pâtissière. Pour équilibrer ce petit-déjeuner et avoir la conscience tranquille, je l’ai accompagné (outre l’inévitable cappuccino) d’un jus pressé rafraîchissant d’ananas, citron, pomme avec du gingembre et du curcuma...
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Autour de moi, la salle est encore calme, voire un soupçon somnolente. Pour ma part, après une demi-heure de yoga sur le tapis mis à disposition dans ma très belle chambre, je suis en pleine forme pour commencer la journée au Caffè Bulgari. Rétro sans l’être vraiment, il est aménagé de manière sobre, moderne, aérée, avec de grands espaces vides et de hauts plafonds qui permettent d’accueillir un bel ensemble de plantes.
Si ce n’est pas l’esthétique qui nous ramène au passé, quoi d'autre ? Un certain temps m’est nécessaire pour définir ce sentiment vague. Les chansons des années 1950 en fond sonore, les photos en noir et blanc des divas d’autrefois dans les rues de Rome (la délicieuse Audrey Hepburn entrant dans la boutique Bulgari de la Via Condotti avec son fils Sean)… Peu à peu, le tableau se dessine, les pièces du puzzle se mettent en place et l’image devient plus nette. C’est la dolce vita version 21e siècle : la douceur de vivre à l’italienne avec ce même glamour, cette décontraction mêlée de sophistication, cette atmosphère mondaine exclusive teintée d’une ostentation mesurée, sans excès. Le Bulgari Hotel ne recrée pas le style des années de la dolce vita, mais l’interprète avec le regard et la sensibilité du luxe moderne qui caractérise la maison italienne.
La restauration longue et méticuleuse de ce bâtiment a nécessité le meilleur de l’artisanat italien : verre de Murano de Barovier&Toso, tissus de Rubelli, mosaïques de l’école de Spilimbergo, sols extérieurs en terre cuite opus spicatum, fabriqués par Sugaroni au lac de Bolsena… le tout intégré dans le projet global d’Antonio Citterio et de Patricia Viel.
L’imposant et magnifique bâtiment qui abrite l’hôtel Bulgari est le résultat d’une rénovation architecturale pharaonique, qui relie le passé au présent. Le grand bloc rationaliste conçu par Vittorio Molpurgo en 1938 pour abriter le Palais de l’INPS (Istituto Nazionale della Previdenza Sociale) se trouve juste en face du Mausolée d’Auguste, dont la statue à l’effigie du Jupiter olympien (Ier-IIe siècle après J.-C., collection Torlonia) accueille les clients de l’hôtel dans l’entrée principale. Seule Rome peut vous recevoir à la fois avec une armée de portiers et un empereur !
L’hôtel abrite 110 chambres (dont 47 suites), un spa de 1500 mètres carrés sur quatre niveaux, de magnifiques terrasses et le fameux Il Ristorante - Niko Romito, dirigé par le chef du Reale di Castel di Sangro, qui signe également la carte d'autres établissements situés dans des hôtels Bulgari dans le monde (deux Étoiles à Dubaï et une Étoile à Shanghai, Pékin et Tokyo).
Si, par leur monumentalité austère et rationaliste, les parties communes sont un peu impressionnantes, les chambres spacieuses affichent un luxe mesuré et douillet qui s’illustre dans les détails : les tissus, les matériaux et les meubles raffinés, mais rien d’ostentatoire. Une sobriété que l’on retrouve dans les couleurs, ponctuées de quelques touches plus vives, comme la tête de lit ou le tapis qui reprennent la couleur du marbre de la salle de bains – dans mon cas, un vert magnifique.
Une corbeille de fruits frais et des équipements – Bulgari comme il se doit – à la mesure de ce que l’on peut attendre d’un hôtel de cette catégorie m’ont accueillie à mon arrivée. Un service parfait, des attentions délicates… Ainsi, au retour du dîner, m’attendait sur le meuble du bar un thermos de tisane au gingembre et au yuzu fumante qui a achevé de me convaincre, tant j’adore cet agrume oriental. Hasard ou impressionnant service personnalisé du personnel Bulgari ?
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