Rome, Rome, Rome, ville mythique qui fascine le monde entier et inspire fantasmes artistiques depuis son apogée. L'attrait de la capitale italienne est loin de s'éroder, surtout pour cette année de Jubilé. Célébré jusqu'au 6 janvier 2026, cet évènement de la culture catholique, qui a lieu tous les 25 ans, attirerait non moins de... 30 millions de voyageurs cette année, soit plus du double de la moyenne habituelle ! Mais pas de panique, la région du Latium regorge de trésors et la gare de Rome permet de rejoindre d'autres destinations de charme en à peine 1h de train.

La gare de Roma Termini, c'est plus de 480 000 passagers par jours se croisant sur trente-deux quais, soit autant de perspectives de découvertes réjouissantes. Alors si vous avez envie durant votre séjour de changer un peu d'air et quitter les rues grouillantes de voyageurs, suivez ces recommandations d'escapades à faire en une journée...

Frascati, terre gourmande de vins

Frascati est la parfaite échappée belle autour de Rome, quand on cherche le calme et la quiétude. A seulement 30mn de train régional, dans la zone des Castelli Romani, la ville est bien connue, notamment pour avoir fourni de nombreux Papes au Vatican ! La légende voudrait même que Frascati fut fondée par Télégonos, fils d'Ulysse et Circé, sous le nom de Tusculum. Aujourd'hui, on retrouve une petite ville de 21 000 habitants absolument charmante, qu'on aura plaisir à découvrir en y flânant. Il y règne une douceur de vivre agréablement surannée, et on se met à son diapason en s'installant sur une de ces petites places pour savourer un verre de vin blanc local, le Frascati, bien frais. 

Au fil des pas, on découvre la Cathédrale San Pietro Apostolo, sur la place principale de la ville, chef-d'oeuvre baroque, avec une façade de la fin du XVIIème siècle qui résista aux terribles bombardements de 1943 dans la région (détruisant, entre autres, l'intérieur de la Cathédrale dans son intégralité). Un peu plus niché au détour des rues, c'est le campanile de la Torre San Rocco (du XIVème) qui intrigue, même si le plat de résistance reste la Villa Aldobrandini. Construite au début des années 1600, cette princière demeure qui domine la ville offre jardins, jets d'eau et cascades artificielles, qui en font une des bâtisses les plus impressionnantes de la ville. Le prince Aldobrandini y reçut de nombreux artistes, tels que Goethe (on raconte même qu'à Weimar, où mourut l'écrivain, ce dernier avait dans sa chambre une peinture de la vue de Frascati depuis la villa). Toujours habitée par les descendants actuels de la famille Aldobrandini, les appartements ne se visitent que sur autorisation, tandis que les jardins sont ouverts au public, pour une agréable pause bucolique.

Au coucher du soleil, le Belvédère révèle son point de vue spectaculaire sur les collines romaines, de quoi se sentir seul au monde.

Où manger ?

Latium oblige, on retrouve avec plaisir la cuisine romaine, rustique et savoureuse : amatriciana, carbonara, cacio e pepe pour les primi, coda alla vaccinara, saltimbocca alla romana pour les secondi, entre autres délices. Notre conseil, déjeuner le midi d'une focaccia à la mortadelle (casse-croûte local par excellence !) et se laisser aller à quelques tartelettes à la confiture (régressives et nostalgiques) du Forno Molinari. Pour le soir, vous pouvez opter pour la cuisine traditionnelle et familiale du restaurant Cacciani (géré depuis plus de 100 ans par la famille du même nom), avec son agréable vue panoramique, ou bien viser l'audacieux ConTatto. Ici, les plats régionaux sont intelligemment twistés par le couple de propriétaires (Luca en cuisine et Lorena en salle), qui utilise notamment la cave naturelle du lieu (une grotte en tuf de 170 mètres de long) comme lieu de production, conservation et maturation de produits et ingrédients.

Tivoli, jardins poétiques et villas romantiques

Depuis Roma-Termini, on rejoint Tivoli en 35 minutes, pour se ressourcer pendant le Jubilé dans un cadre printanier de rêve. Villégiature favorite des empereurs Auguste et Hadrien, Tivoli est une destination de choix pour les esthètes, avec notamment les villas d'Hadrien et d'Este, classées au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en 1999 et 2001. Joyau romain, longtemps vue comme la rivale de Rome, et ce, dès Virgile, celle qu'on appelait « l'orgueilleuse Tibur » était un centre de pouvoir de l'Empire Romain. Tivoli offre ainsi un patrimoine riche pour les voyageurs curieux : la villa d'Hadrien, complexe de 200 hectares, se révèle propice aux songes et rêveries, la villa d'Este (XVIIème siècle), caprice du Cardinal et gouverneur de l'époque, Hippolyte d'Este est une exaltation de l'esthétique Renaissance, avec ses jardins oniriques (dont les fontaines inspirèrent au compositeur Franz Liszt ses Jeux d'eau à la Villa d'Este), et la villa Gregoriana, un ensemble de jardins romantiques avec grottes naturelles, cascades et ruines, établie par le pape Grégoire XVI. 

S'il vous reste un peu de place dans votre programme de voyage dans le temps, ne manquez pas l'impressionnant sanctuaire d'Hercule vainqueur ainsi que les temples de la Sibylle et de Vesta, émouvants témoignages tangibles d'une épique Antiquité. Tout au long de ces visites, ce sont de somptueux tableaux qui prennent vie, dans un agréable environnement verdoyant.

Où manger ?

Près de la villa d'Este et de la villa Gregoriana, le chef Adriano Baldassarre propose sa cuisine engagée pour la valorisation des produits locaux et de cette cuisine régionale, cette cuisine « de pauvre » à laquelle il redonne ses lettres de noblesse. Dans sa trattoria Li Somari, cette philosophie donne naissance à une cuisine dynamique, vivifiante, et ancrée dans son territoire. C'est justement au pied du temple de Vesta que vous pourrez vous restaurer chez Sibilla, jolie table familiale avec plus de 300 ans au compteur ! On y déguste de la cuisine régionale mais aussi quelques poissons, dans un cadre chaleureux qui a accueilli de nombreux invités prestigieux, de Yoko Ono à la Princesse Margaret en passant par l'Empereur Hirohito et Neil Armstrong.

Castel Gandolfo, villégiature des Papes

Direction Castel Gandolfo, à une quarantaine de minutes au sud de Rome. Ce hameau est bien connu pour être le lieu de retraite historique des Papes, accueillant le Palais Pontifical, villégiature d'été des souverains pontifs depuis 1620. Le domaine de 14km², érigé au XIIème siècle, abrite aujourd'hui le Palais, la villa Barberini, la villa Cybo et l'Observatoire Astronomique du Vatican. Une escapade à Castel Gandolfo, c'est l'occasion de se repaître des magnifiques jardins des villas Pontificales, alignant oliviers parfumés et pins parasols mythiques, loin de la chaleur de Rome et d'admirer quelques vestiges romains. La visite de la résidence vous donnera accès aux salles du palais, aux portraits de papes mais aussi à l'impressionnante collection de papamobiles.

Une détente estivale de choix, en plein Jubilé !

Où manger ?

L'autre attrait de ce minuscule village, c'est évidemment son lac, en contrebas. Le lac d'Albano, à l'azur profond, reflète les lumières ocres du Latium, et fait un agréable cadre pour une promenade sur sa rive, et pourquoi pas une pause, près des pontons. On savoure la vue sur ce tableau naturel à l'Antico Ristorante Pagnanelli, en activité depuis 1882. Ici, poissons et viandes s'acoquinent d'agrumes et herbes sauvages de la région pour des recettes raffinées et élégantes. Les caves à vin, directement creusées dans la roche, valent également le coup d'œil.

Une autre option est de pousser la balade (en bus ou taxi) de quelques kilomètres pour rejoindre la ville d'Ariccia et découvrir la cuisine de Sintesi (une-Étoile). Ici, la vision culinaire se veut technique et conceptuelle pour exalter les saveurs de produits locaux soigneusement choisis.

Gaëte, les pieds dans l'eau

Il faut 1h30 en train pour rejoindre Gaëte et profiter d'un cadre pittoresque pour une retraite les pieds dans l'eau, après avoir profité du Jubilé romain. Cette petite pépite au bord de l'eau, à la limite de la Campanie, est un chassé-croisé à taille humaine avec
l'histoire : attaques sarrasines, indépendance, domination Byzantine puis Normande...

Au fil de la balade se succèdent château angevin-aragonais, mausolée romain, églises aux architectures variées... Le sanctuaire de la Sainte-Trinité, fondé au XIème siècle sur la montagne Spaccata, est à ne pas manquer. La vue sur les falaises depuis cette vallée verdoyante est aussi impressionnante que la légende du lieu : à la mort du Christ, Gaëte aurait été frappée d'un vent parti depuis Jérusalem, ouvrant dans la roche de la grotte une profonde fissure. Des siècles plus tard, alors qu'une église a été bâtie sur la grotte, un voyageur turc, perplexe quant à la légende, pose sa main sur la pierre. Cette dernière, ramollie, s'y enfonce aisément, laissant une trace encore bien visible aujourd'hui. 

Où manger ?

Les spécialités ne manquent pas à Gaëte. La ville est bien connue pour ses délicieuses olives, mais aussi sa tiella, une tourte farcie d'un mélange de ricotta et d'épinards ou de poulpes en sauce tomate, qui n'est pas sans rappeler les fameuses tielles sétoises. On imagine que l'immigration italienne a fait voyager cette spécialité dans le sud de la France. Celles de l'Antico Forno Giordano sont particulièrement délicieuses pour un en-cas sur le pouce. C'est aussi l'occasion de découvrir Dolia Gaeta, une jeune adresse chic et élégante qui propose une cuisine moderne et créative avec un accent tout particulier mis sur le poisson. 

Et pour finir...

On peut aussi poursuivre la virée d'une vingtaine de minutes en bus pour arriver à Sperlonga, perle de l'Empereur Tibère. Parfaite pour une journée de plage, la ville abrite aussi d'impressionnants vestiges pour les amateurs d'histoire et d'art. C'est notamment dans la Grotte de Tibère que furent retrouvés en 1957 des groupes de statues représentant des épisodes de l'Odyssée d'Homère, réalisées avant Jésus Christ. Ces statues sont aujourd'hui exposées au musée de la ville. De quoi s'évader entre mythes et légendes avant de retourner à Rome.

Carnet d'adresses

Frascati

Tivoli

Castel Gandolfo

Gaëte

Sperlonga

Hero Image: Vue sur le lac d’Albano depuis l'embrasure d'une fenêtre © Fabianodp/iStock