Reportages 1 minute 02 août 2024

Les confessions de Werner Loens : l’internationalisation

Huit mille cinq cents repas dans plus de 20 pays, 3 600 séjours à l’hôtel, 20 000 rapports rédigés, 1 600 000 kilomètres parcourus en voiture… Le palmarès de Werner Loens, après trente-sept années en tant qu’inspecteur et directeur MICHELIN, est impressionnant. Son histoire, inspirante, l’est tout autant. Aujourd’hui : l’internationalisation du Guide.

L’année 2006 a marqué un tournant pour le Guide MICHELIN. L'internationalisation s'est accentuée au cours de cette période avec le lancement de guides aux États-Unis puis en Asie. Une évolution absolument nécessaire. À l'époque, c'était pour nous une question de survie. En effet, les ventes de guides diminuaient de façon significative en dehors de la France. Nous devions impérativement passer au numérique et globaliser notre offre. Jusqu'alors, le guide était composé d’entités distinctes, chaque pays suivait la même ligne directrice, tout en conservant des spécificités locales.

Le monde est devenu plus connecté, le Guide MICHELIN aussi. Aujourd'hui, les inspecteurs situés aux quatre coins du monde sont en contact régulier les uns avec les autres. Ils passent en moyenne 30 à 40 % de leur temps de travail à l’étranger, voyageant de Hong Kong à Izmir ou Chicago. C'est un véritable bouleversement culturel.



Aujourd’hui, j’ose affirmer que les critères du Guide Michelin sont uniformes partout dans le monde. Bien sûr chaque région conserve sa culture et son identité propres, mais le niveau des restaurants une, deux ou trois étoiles sont cohérents où que vous vous trouviez sur la planète. Les échanges et les voyages ont permis aux inspecteurs d’affiner leur jugement et d’enrichir la qualité de leurs évaluations. Personnellement, je n'oublierai jamais ce repas vegan en 14 services chez avatara, un restaurant indien de Dubaï. Le personnel ne maîtrisait pas très bien anglais, si bien que je ne savais pas toujours bien ce que j’avais dans mon assiette. J'y suis allé avec des réserves, mais j'en suis ressorti enthousiaste. Epoustouflé même. C'était absolument délicieux !

Cette ouverture à l’international nous a permis de renforcer notre influence ; elle a aussi des répercussions sur la gastronomie mondiale. Chaque année, le Guide propose de nouvelles destinations et l’impact de ces choix se fait rapidement sentir. Par exemple, la Croatie, qui avait seulement un restaurant étoilé, en compte désormais plus de dix. Idem pour la Slovénie, la Turquie, et d’autres pays. Partout où le Guide existe, les chefs veulent se distinguer et progresser. Si demain nous publions une sélection sur l’Éthiopie, vous pouvez être certain d’y trouver à court terme un restaurant étoilé. Le monde de la gastronomie est plus connecté que jamais ce qui permet aux talents d’émerger de partout et augure de belles surprises pour les inspecteurs.


La semaine prochaine : crier et écouter


Head photo avatara ©Shresth Maloo/avatara

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