Vins 3 minutes 25 octobre 2022

Les vins de Franciacorta (Lombardie, Italie) : entre influences historiques et innovations pionnières

Les enivrantes nuances de vins de Franciacorta au fil des siècles, fruits de surprenantes innovations historique et d’une forte tradition viticole dans une région au microclimat, à l’histoire et à la géographie uniques.

D’après de nombreux observateurs, producteurs et propriétaires de domaines, le nouveau millénaire peut être considéré comme le troisième âge des vins de Franciacorta, car la période située entre la fin du 19e siècle et les 20 premières années du 21e a marqué un saut qualitatif pour les grands domaines viticoles ainsi que pour les petits et moyens producteurs, représentant quelques 100 000 bouteilles annuelles. Au cours des dernières décennies, un nombre croissant des 200 membres du Consortium ont introduit des innovations dans leurs méthodes de production traditionnelles et ont commencé à se tourner vers l’agriculture biologique afin de préserver la qualité de leur sol et de minimiser leur impact sur leur environnement naturel.


La voie biologique

Aujourd’hui, près de 66 % des vignobles de Franciacorta sont bio (comprenant les domaines certifiés et ceux en cours de conversion), faisant de la région l’une des plus avancées au monde en termes de méthodes biologiques et de production durable. En outre, il est important de noter que l’évolution de la production viticole dans cette partie de la Lombardie ne concerne pas seulement les vins effervescents fermentés en bouteille, mais aussi les deux autres spécialités régionales : le Curtefranca Doc et l’Igt Sebino,


Curtefranca and Igt Sebino

En Franciacorta, le Curtefranca Doc et le Igt Sebino représentent ensemble 350 hectares de vignes. Les 2 800 hectares restants sont dédiés à la production de dénominations. Quoiqu’il en soit, outre les méthodes et les mélanges utilisés, le chemin emprunté par les vins de Franciacorta révèle un remarquable respect pour l’environnement et un grand désir de produire des vins italiens pétillants encore plus raffinés et élégants, en associant progrès, conservation et tradition. L’amélioration qualitative du Curtefranca (un rouge DOC qui tient son nom de l’un des villages en pierre de la région) est indissociable de la discipline de fer qui distingue la gestion de sa production : les variétés de raisin utilisées dans la composition du Curtefranca Doc sont le Cabernet Franc et/ou le Carmenère (20 % minimum), le Merlot (minimum 25 %), et le Cabernet Sauvignon (entre 1% et 35 %), et toutes apportent une contribution essentielles aux caractérisitques du vin, comme sa couelur rouge rubis, uch as its deep ruby-red colour and its et ses saveurs charpentées et équilibrées. Apparu en 1995,le Sebino Igt est quant à lui fait de raiin vert ou noir, et se compose de variétés de Chardonnay, de Pinot Nero, de Pinot Bianco, de Cabernet Franc, de Sauvignon, de Nebbiolo ou encore de Barbera. Dans ses déclinaisons nombreuses et variées (blancs, rouges, vins jeunes, vins de “passito”), le Sebino accompagne idéalement le jambon fumé, le pot-au-feun, le cotechino, les pieds de porc farcis, les pâtes à la sauce tomate ou à la viande, et les risottos.


Primo piatto - Consorzio Franciacorta
Primo piatto - Consorzio Franciacorta
Varie proposte gastronomiche - Consorzio Franciacorta
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Glace, cours d’eau et terre fertile
Le succès des vins de Franciacorta est étroitement lié aux sols morainiques fertiles qui façonnent les paysages de la région entre collines, cours d’eau et tourbières, et sont riches en minéraux grâce aux glaces alpines. Il y a plus de 15 000 ans, lorsque la glace s’est retirée de la zone géographique située entre la rivière Oglio et les bords du lac Iseo, elle a laissé derrière elle de grandes quantités de sable, de limon et de minéraux. Ainsi, la dernière période glaciaire a laissé aux paysages et à la composition géologique de la région un héritage qui a permis le développement de l’agriculture en Franciacorta tout au long du millénaire suivant.


L’aube de la production viticole

Selon les études historiques, c’est vers l’an 1000 qu’est apparue dans la région l’activité viticole ; une théorie qui semble confortée par les registres trouvés dans les monastères bénédictins qui, vers le 12e s., évoquaient l’arrivée des vignes de Schiava, Groppello, Vernaccia et Malvasia importées des Balkans, du sud de la Méditerranée et du Moyen-Orient. Une fois mélangés, les raisins ont produit des vins appelés « albi e vermigli » (blancs et rouges) ; quant à lui, le terme Franzacurta est apparu pour la première fois dans les annales de la municipalité de Brescia au siècle suivant. La culture du vin serait donc née en Franciacorta au Moyen-Âge, à l’époque où ont commencé à se peupler les charmants villages de pierre de la région tels que Corte Franca, Borgonato et Colombaro, rendant ainsi nécessaires les cultures autour des villages

Vigneti - Consorzio Franciacorta
Vigneti - Consorzio Franciacorta

Littérature vinicole
Parmi les légumes et arbres fruitiers plantés, il est apparu que les vignes étaient les mieux adaptées à ce sol morainique et à son microclimat chaud et venteux, si bien que les chroniques du 16e s. évoquent la production de vins locaux « vivants » dans le « Libellus de vino mordaci », écrit par le Dr Conforti de Brescia en 1570. Mais c’est au siècle précédent que l’Erbamat (une vigne originaire de la région de Brescia) est évoquée pour la première fois, dans Le vinti giornate dell’agricoltura et de’ piaceri della villa, un ouvrage sur l’agriculture et la vie rurale de l’agronome Agostino Gallo qui, rendant hommage au Cisiolo, expliquait que les raisins « plutôt doux » de la région conservaient leur piquant pendant plusieurs mois avant de se bonifier en fût pendant un an. Si l'on en croit ces différentes publications, ces derniers siècles, une partie de la production traditionnelle de Franciacorta s’est concentrée sur les vins mousseux, pétillants ou, selon le terme choisi par Conforti, « mordants » (« mordaci »). L’auteur décrit plus particulièrement un processus de fermentation contrôlé qui plus tard allait donner naissance aux mousseux. Ensuite, le cadastre napoléonien de 1809 indique que plus d’une centaine d’hectares de terres était dédiée à la production de vins « mordants » et autant à des productions mixtes.


La Franciacorta au 20e s.
Au 20e s., la production viticole a poursuivi son évolution dans cette région agricole vallonnée, jusqu’à l’apparition du légendaire « Pinot di Franciacorta » de Franco Ziliani (Cantina Berlucchi) en 1961. Cette date marque le début de l’une des trois grandes phases modernes des vins de Franciacorta lorsque, moins d’une décennie plus tard, les viticulteurs les plus novateurs sont allés en France apprendre les techniques, les secrets et le savoir-faire liés aux méthodes Chamat et Champenoise. C’est alors le début d’une nouvelle phase, plus consciente, de production du vin, dans laquelle l’effervescence naturelle est maîtrisée grâce à des procédés éprouvés. En 1995, la Franciacorta devient la première région italienne (et le premier vin italien) à obtenir l’appellation DOCG pour un vin utilisant la double fermentation en bouteille. La même année, le Consortium reconnait le Satèn, un vin soyeux composé de Chardonnay blancs à 100 %, ou mélangés à 50% avec du Pinot Bianco.

Consorzio Franciacorta
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