Son parcours, son image rock'n roll, ses légendaires coups de gueule en cuisine en font un personnage atypique, un peu à part dans la galaxie des chefs étoilés. A 57 ans, Gordon Ramsay n’a rien perdu de son irrévérence. Le plus rock’n roll (et francophile) des chefs britanniques est aujourd'hui à la tête de pas moins de 88 restaurants dans le monde, dont 32 chez lui au Royaume-Uni. En France, il tire les ficelles de deux établissements étoilés : l'un à Versailles, avec au piano l'excellent Gabriele Ravasio (Gordon Ramsay au Trianon), et l'autre à Bordeaux (Le Pressoir d’Argent).
Tout aussi fantasque, survolté, ou facétieux qu'il puisse paraître, cet Ecossais se révèle exigeant aux fourneaux et maîtrise ses classiques français sur le bout des doigts. Biberonné à la cuisine de Guy Savoy et Joël Robuchon, « mes maîtres », il brosse une cuisine étonnamment frenchie, matinée çà et là d'un souffle d'Outre-Manche. Truffes noires de Gironde, foie gras de Charente, homard breton à la presse... A Bordeaux, au sein de l’InterContinental Grand Hôtel Bordeaux, auréolé d’une deuxième étoile en 2018, le chef a imaginé une carte « qui rend hommage aux produits régionaux ».
Il a vécu longtemps à Paris, à la Bastille
Paris demeure pour lui la ville de ses premières amours, au sens littéral du terme : « Je me revois pleurer toutes les larmes de mon corps place de la Bastille, car ma petite amie parisienne de l'époque m'avait largué. Si tu lis ces lignes, Chantal, tu m'as brisé le cœur ! » lance-t-il en éclatant de rire.La première fois qu'il a posé le pied dans la capitale pour y travailler, Gordon Ramsay avait 22 ans, « je louais un studio de 22m2 rue de la Roquette, dans le 11ème arrondissement. Avec ma première paie, je touchais à peine un Smic. Tout mon salaire passait dans ce studio. Mais je m’en fichais. Je n’étais pas venu à Paris pour faire de l’argent, mais pour apprendre ».
« J'aime toujours prendre le métro »
Amoureux fou de la Ville lumière, ce nostalgique a conservé sa carte Orange de l'époque (l’ancêtre du Pass Navigo). « J’aime toujours prendre le métro », confie-t-il. « Parfois les gens me reconnaissent. Mais bon, je suis bien camouflé, j’ai une casquette vissée sur la tête ! » Soyez attentifs pour le repérer : «Comme je suis vieux, je n’ai pas d’AirPods mais un walkman ».
Parallèlement à sa carrière de chef, Gordon Ramsay est également célèbre pour ses nombreuses prestations télévisées. Qu'il s'agisse de Cauchemar en cuisine, un programme dans lequel il tente de venir en aide à des restaurateurs en difficulté, de façon, disons, musclée. Ou de Territoires inexplorés, dans lequel il se mue en aventurier sportif. Il a également été producteur et juge dans la version américaine de l'émission MasterChef.
Sportif casse-cou et aventurier de l'extrême
« Je m'entraîne chaque semaine pour réussir à suivre plusieurs étapes du tour de France l’an prochain » réplique-t-il alors qu'on lui demande comment il va (il a récemment failli mourir lors d'une grave chute à vélo). « C'est un itinéraire de 72 km qui va de Paris à Maison Laffitte, et passe à côté de la Seine. Avec plusieurs montées à grimper, pas piquées des hannetons ! » Et comme si cela ne lui suffisait pas « J’ai aussi un semi-Iron Man de programmé pour mai prochain et un Iron Man entier en septembre, en Espagne.»
C'est pourtant au sein du très chic Trianon Palace que nous le retrouvons pour cette interview. Le 12 septembre dernier, le mythique hôtel célébrait lors d'une Garden Party enjouée son quinzième anniversaire. Happy birthday, chef.
Une bonne boulangerie de quartier ?
Mamiche ! Notamment pour leurs choux à la crème vanillée, à 1 € pièce. Un pur délice !
45, rue Condorcet, 75009. Egalement 32, rue du Château-d’Eau, 75010.
Un bar ou bistrot à vin dans Paris ?
C'est difficile car chaque arrondissement a ses charmes ! Je dirais Le Bon Georges, un bistrot à vins que j'ai découvert récemment. J'aime l'atmosphère, c'est feutré, intime, tamisé... Ils ont des vins incroyables... J'ai eu beaucoup de chance, en temps que chef, de participer aux vendanges de superbes domaines, dans le Piémont, et en Espagne. Et j'adore les vins de la Vallée de la Loire !
45 rue Saint-Georges, 75009 Paris
Pour un très bon resto entre copains ?
God... Je me sentirai déloyal de ne pas citer Guy Savoy. Il a été un vrai père pour moi. La vue sur la Seine, l'immeuble lui-même (le restaurant est implanté au sein de l'hôtel de la Monnaie, NDLR), ces salles décorées de toiles contemporaines et de sculptures... Tout est extraordinaire. Plus récemement, j'ai adoré Plénitude, le restaurant Trois Etoiles du Cheval Blanc Paris. Oh la la... C'est fantastique. Il y a une telle vibration dans la cuisine d'Arnaud Donckele ! Cette « nouvelle cuisine classique », comme il l'appelle. Un voyage entre la Normandie, sa région d’origine, la Méditerranée, sa terre d’adoption et le terroir d’Île-de-France.. Sans oublier les desserts impeccables de Maxime Frédéric !
8 Quai du Louvre, 75001 Paris
Un bistrot ou brasserie plus accessible ?
J'essaie d'éviter tant que possible les adresses touristiques. Je dirais Le Voltaire, amarré sur le quai du même nom. Le chef Tony Ducrocq y sert une cuisine française traditionnelle de saison, savoureuse, à partir de beaux produits de terroir. La sole meunière est une de leurs spécialités et ils font d'excellentes frites !
27 Quai Voltaire, 75007 Paris.
Un restaurant exotique à Paris qui vous a scotché ?
C’est vrai que Paris est une ville multiculturelle épatante, qui rassemble une foule de cuisines du monde : indienne, japonaise, coréenne, marocaine... Forcément ça parle au voyageur que je suis ! J'ai d’ailleurs consacré tout un épisode à la cuisine berbère dans la saison 1 de Territoires inexplorés (l'adaptation française de Uncharted, série documentaire diffusée à l'origine sur National Geographic, NDLR). Je dirais Lao Siam, à Belleville, que j’ai découvert il y a quelques semaines. Ce que j’ai mangé là-bas est ce qui se rapproche le plus de ce que j’ai pu déguster au Laos quand on tournait l’émission. Les saveurs, les parfums… Un régal !
Lao Siam, 49 rue de Belleville, 75019 Paris
Votre marché en plein air favori ?
Je reviens toujours à la Bastille, mon quartier de prédilection ! Le marché se tient le jeudi et dimanche, boulevard Richard Lenoir. C’est là où j'ai compris Paris.
Photo de Une : Gordon Ramsay par © Kevin Gompertz – Agence Make
