Voyage 6 minutes 07 mars 2025

L’art caché à Bruxelles : des trésors invisibles sous vos pieds !

Peintures, sculptures, photos, vitraux, bas-reliefs… de toile, de bois, de bronze, de verre ou d’acier, des œuvres d’art vous attendent dans le métro… Venez visiter une Bruxelles gourmande qui mêle avec humour art caché & art au grand jour.

La création du métro bruxellois remonte aux années 60. A l’époque, ses concepteurs ne veulent pas d’un réseau en milieu fermé et ennuyeux, mais des stations vivantes et variées. Chacune doit avoir son identité, leur décoration est confiée à des artistes belges. Depuis, une commission artistique se charge de la sélection et de l’installation des œuvres souterraines.

Alors, prêt à arpenter avec nous les sous-sols de la capitale ? Rassurez-vous, on ne vous nourrira pas que d’œuvres, car la cuisine à Bruxelles est aussi de l’art. Et puis, il est toujours permis de s’échapper au grand air pour aller visiter les galeries contemporaines.

Tout n’est bien-sûr que propositions à partir desquelles vous dresserez votre propre parcours. Pour vous orienter dans le maillage du métro, disons que certaines lignes se divisent pour se rejoindre dans des tronçons communs et certaines stations sont situées à la croisée des chemins comme Gare du Midi, Arts-Loi, De Brouckère, Gare de l’Ouest, Beekkant...

La Gare du Midi ©STIB
La Gare du Midi ©STIB

Du sud (gare du midi) au centre-ville en passant par Les Brigittines

Partons du quartier de la gare du midi. Descendons dans son métro pour aller arpenter la ligne de l’axe Sud-Nord. Pour une fois, ne vous précipitez pas tout de suite dans la première rame venue. Prenez votre temps, levez le regard. Un paysage de vallons enveloppés d’une brume bleutée aux vertus calmantes pourrait bien vous emporter et vous faire oublier où vous êtes. Pourtant, nous sommes bien à la station Gare du midi et sa peinture monumentale ‘Flying Over’signée Jacques Bage (2004) risque d’affecter positivement votre humeur.

Une première mise en bouche qui pourrait vous donner l’envie d’aller plus loin explorer l’art souterrain bruxellois. Mais avant de prendre le métro pour une autre station, offrez-vous un petite échappée à l’air libre, car, tout près de là, il y a des choses à voir, comme le Wiels, centre d’art contemporain qui propose de découvrir ses expos autrement (Family Funday, Apéro tour, visites guidées sur l’art et aussi sur l’histoire du lieu, échanges avec les artistes…). Ou encore la galerie Clearing : basée à 2 pas ainsi qu’à Brooklyn, elle réunit dans un bel espace des jeunes artistes réputés ici et ailleurs.

©Les Brigittines Aux marches de le Chapelle
©Les Brigittines Aux marches de le Chapelle

En prenant la ligne de métro direction Rogier, plusieurs stations pourraient bien vous enchanter : Lemonnier avec ‘Les mains de l’espoir’ de Hamsi Boubeker (1999, rénovée en 2018)… car nous rêvons tous de paix mondiale, ou Anneessens et son œuvre de quartier ‘Casting’, de Vincen Beeckman (2007). A la station Bourse, Delvaux nous donne la nostalgie avec sa fresque à grande échelle ‘Nos vieux trams bruxellois’(1978).

Ces découvertes vont mettent déjà en appétit ? Pas loin de là, le chef bien bruxellois de la brasserie belle époque Les Brigittines Aux marches de la Chapelle vous propose sa cuisine traditionnelle : le feuilleté au bon beurre de son vol au vent, des frites bien fraîches, humm… vous êtes en Belgique !



Un peu à l’ouest, l’art implique les habitants

Sur une autre ligne proche qui va vers l’ouest, vous trouvez la station Clemenceau : elle vous embarque au sous-sol dans son illusion de balade rurale avec l’œuvre de Joseph Willaert, ‘Promenade’(1993). Cela vous donnera peut-être envie de presser le rail jusqu’à la Gare de l’ouest qui vous sert son défilé de mode bruxelloise en photos, ‘Mode in de metro’(2009), de Stephan Vanfleteren, une mode portée par des locaux ordinaires. On peut aussi y admirer ‘A beautiful day’(2009) d’Yves Zurstrassen, une œuvre qui se compose de motifs arabes rendant hommage à la population locale nord-africaine.

Au point où vous en êtes, remontez à l’air libre et allez voir à Molenbeek ce qu’on vous propose à la galerie Harlan Levey Project : un ancrage local et international, avec un vaste espace qui accueille sans gêne des installations monumentales, doublé d’un lieu intime à Ixelles, comme peut l’être une arrière-maison.

La Place du Grand Sablon ©olrat/iStock
La Place du Grand Sablon ©olrat/iStock

Du sud au centre, d’autres galeries et une pause au Vieux Saint-Martin

L’axe Sud-Nord, vous pouvez bien entendu aussi le suivre en surface. S’y s’égrènent, pour la joie des amateurs d’art contemporain, plusieurs galeries. La Gladstone Gallery, tout de blanc vêtue dans une ambiance intimiste, expose à New York et à Bruxelles - près du quartier Louise - une sélection d’artistes réputés ou émergents. Si vous vous approchez de la Bourse, un peu avant Rogier, passez donc au Ballon Rouge, une galerie nomade qui a fait du chemin avant d’arriver chez nous et qui s’essaie dans le collaboratif avec des échanges d’expositions.

Située en plein Sablon, la galerie Jan Mot, bien connue des amateurs locaux, fait place belle aux artistes belges comme aux internationaux.

Au Vieux Saint Martin ©Bernard De Keyzer
Au Vieux Saint Martin ©Bernard De Keyzer

Le Bruxelles de l’est, de la nature au sous-sol et des délices dans l’assiette

Une petite balade digestive vous amènera, si le cœur vous en dit, vers la station carrefour Arts-Loi - ou ses voisines qui ont aussi leurs œuvres à vous présenter. La ligne Stockel vous emmènera dans l’est de Bruxelles, vers les belles communes résidentielles et vertes de la Woluwe.

Épinglées, (1) la station Montgomery qui vous invite dans sa ‘Magic city’(1976) à l’ardeur solaire irradiante, une œuvre de Jean-Michel Folon, (2) ‘La Grande taupe et le petit peintre’(1982), de Paul de Gobert, à Vandervelde : cette station apaisante refait ainsi place à la nature de la vallée de la Woluwe, un baume bienvenu après l’industrialisation, et (3) la station Alma, la première station de métro protégée à Bruxelles. Là, les feuilles d’automne ne crisseront pas sous vos pieds mais vous surprendront au plafond : un ouvrage entre art et architecture, décoré par Simone Kroll et construite en hommage à l’architecte catalan Antonio Gaudi.

©Bottega Vannini
©Bottega Vannini

Et si on se régalait bientôt ?

Pour vous mettre en appétit, allez faire un tour dans ce Bruxelles d’avenues élégantes, de quartiers paisibles et de vastes parcs, comme celui du Cinquantenaire qui vous tend les bras sur votre route du retour vers le centre. Dans le quartier Montgomery, essayez une épicerie italienne, la Bottega Vannini : elle vous installe sans chichis - nous sommes dans un atelier - au beau milieu des délices de sa boutique : vitello, cavatelli, saltimbocca… tout un programme, parions que vous n’y résistiez pas !

Dernières émotions avant de rejoindre votre chambre d’hôtel, Art Déco ou années 70 ?

Pour bien terminer cette visite, prenez le métro jusqu’à la station Parc où vous attend ‘Happy metro to you’(1974) de Marc Mendelson : un peu d’humour pour le personnel de nos sévères ministères fréquentant la station tous les jours ouvrables. Vous êtes au bon endroit pour aller essayer l’hôtel Radisson Collection Grand Place Brussels dont on aime la grandeur et l’influence Art Déco. Dans un de ses restaurants, on peut y admirer une partie des anciennes fortifications de la ville. Mais avant de plonger dans le confort et l’élégance de votre chambre, une dernière balade au clair de lune pourrait vous tenter, car vous êtes alors au Parc Royal. Allez donc chanter sous son ancien kiosque à musique : de fonte et de forme dodécagonale, il est le plus ancien témoignage encore existant du nouveau style architectural de l’époque (1841).

©Radisson Collection Grand Place Brussels
©Radisson Collection Grand Place Brussels

Une autre option d’hébergement s’offre à vous, elle vous rapproche d’un second programme d’escapade, auquel vous aurez envie de dédier votre lendemain. Rendez-vous à The Hoxton, proche du jardin botanique. Cet ancien siège d’IBM de style brutaliste reconverti en un nouvel hôtel abrite près de 200 chambres style années 70. Cette marque hôtelière, née à Shoreditch, dans l’est de Londres, a développé sa renommée depuis. Avant cela, une dernière petite visite en sous-sol vous conduira à la station Madou, rebaptisée Madouce depuis que sa valeur s’est vue ‘augmentée’ par 4 peintures d’habitantes de la commune réalisées par Nora Theys,‘Portraits de femmes’(2016).

La station de métro Sainte-Catherine ©STIB
La station de métro Sainte-Catherine ©STIB

Art caché, art à découvert : on poursuit au nord et on se régale au centre

Avec son bas-relief ‘Les couleurs de la solidarité’(2004) de Pjeroo Roobjee, composé de 270 000 petites pièces de mosaïque apportées par le public, la station Rogier est un bon point de départ pour cette seconde journée. En poursuivant sur cette ligne de métro, vous arrivez à la Gare du nord où 42 portraits, à la fois géants et lilliputiens pourraient bien vous bousculer ‘I promise you a miracle(2003), une fresque signée Johan Muyle... De là, en reprenant la direction du sud, vous parvenez en peu de temps à De Brouckère, qui recèle d’autres œuvres, un quartier très fréquenté, dont un des grands boulevards est devenu un piétonnier aux allures un rien champêtres.


Fresque dans la Gare du Nord ©STIB
Fresque dans la Gare du Nord ©STIB

Si vous empreintez l’axe est-ouest, d’autres merveilles vous attendent, comme le ‘Millefeuille’(2007), signé Thierry Renard, à la station Sainte-Catherine : des fleurs monumentales qui ont poussé en sous-sol. Ou ‘les mannequins de Paul Van Hoeydonck ‘16x Icarus’(1981) de la station Compte de Flandres. Ou encore une ambiance d’inspiration Monet aux Étangs noirs, ‘De zwarte vijvers’(1981) de Jan Burssens.

Il sera alors temps de remonter à l’air libre pour pousser la porte des galeristes du quartier, Alice Gallery, réputée pour soutenir ses artistes, jeunes ou confirmés, et toute discipline artistique, ou Greta Meert, hébergée dans un lieu art nouveau, qui valorise l’art minimal des années 70, la photographie des années 80, les travaux des plasticiens, etc...

Barge ©Maurine Toussaint
Barge ©Maurine Toussaint

Des odeurs vous mettront en appétit : Barge, Kline, Aster, choisissez vos saveurs

Si vous êtes versé dans les remèdes naturels, et/ou friand de plantes et d’épices, ou pour le simple plaisir des yeux et des narines, ne quittez pas l’endroit sans aller découvrir la magnifique herboristerie familiale de la place Sainte-Catherine, vous n’y rencontrerez que des herboristes formés à vous proposer des solutions naturelles.

Titillée par les senteurs de cette boutique de plantes, vous aurez alors probablement envie de vous offrir une bonne table : nous avons sélectionné pour vous l'étoile MICHELIN ét étoile verte Barge, proche du marché aux poissons. Très tendance et un rien brut, il offre une gastronomie durable et nous emporte dans ses mariages judicieux : truite saumonée avec sa feuille de nori salée, ricotta de bufflone belge avec topinambour et truffe… Mais le cornichon à la plancha avec sa crème de yaourt fumé du Bib Gourmand Kline, ou ses autres plats aussi simples qu’originaux (du local avec des touches exotiques) et leurs options végétariennes sont tout aussi attirants. Comment toutefois lutter contre la rencontre d’un plat de lotte au saké et d’un foie de poisson cuit vapeur dans une feuille d’épinard ? Si l’appel est trop fort, c’est chez Aster que vous vous précipiterez.

La station de métro Pannenhuis ©STIB
La station de métro Pannenhuis ©STIB

Au nord-ouest, l’art bruxellois vous montre un de ses Rois

Repu mais friand de dernières découvertes, mettez le cap sur l’ouest, direction Heysel. Les amateurs de football se souviendront de ce nom mais le stade a été rebaptisé stade Roi Baudouin. Vous vous arrêterez à Pannenhuis pour défiler sous ses titanesques abat-jour couleur coucher de soleil : immanquables ils sont ! Ces puits de lumière font certes de la station la plus photogénique de tout son réseau.

Puisque vous êtes chez les Belges, en fin de journée vous serez sans doute tenté de clôturer la visite de cette grande galerie souterraine en poussant une pointe jusqu’à la station Roi Baudouin. Une sculpture ancrée dans une paroi rend hommage au très regretté souverain, ‘ainsi qu’aux émotions de son peuple que l’on peut ressentir dans les formes données à la matière par la patte sensible d’Elisabeth Barmarin. L’oeuvre se nomme ‘Le Roi Baudouin’(1998). Sur les quais de la même station, le ‘Vol de Canards’ au-dessus de vos têtes vous prendra par surprise tout autant que leur ombre tapie sous vos pas. L’œuvre est de Philippe Decelle et date de 1948.


Alors, vous reviendrez ?

Head photo ; la station de métro Pannenhuis ©STIB

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