En 2024, le Guide MICHELIN présente le palmarès des Clefs MICHELIN - une toute nouvelle distinction, attribuée par l'équipe de sélection du Guide MICHELIN. Les Clefs MICHELIN récompensent les établissements de la sélection hôtelière du Guide qui proposent les expériences de séjour les plus remarquables. Rendez-vous ici pour tout savoir sur cette nouvelle distinction.
L'hôtel La Mirande vient d’être récompensé de Deux Clefs MICHELIN.
Si l’hôtel de La Mirande n’existe que depuis une trentaine d’années, il renferme une histoire qui remonte jusqu’au Moyen Âge. Exactement le genre d’établissement qui peut me donner envie de traverser la France pour y passer la nuit. Certes, avec le TGV, Avignon n’est pas si éloignée de mon appartement parisien mais avec son atmosphère provençale et ses ruelles pittoresques, la ville offre un univers radicalement différent de la capitale.
En venant de la gare TGV, l’apparition soudaine des puissants remparts d’Avignon me replonge dans les récits historiques d’Alexandre Dumas, que je dévorais durant ma jeunesse. Arrivé devant la superbe façade du XVIIe siècle, dessinée par le grand architecte classique Pierre Mignard, je sais que j’ai fait le bon choix. Cet hôtel situé en plein cœur de la ville constitue l’adresse idéale pour l’amateur d’art et d’architecture que je suis, plus attiré par les vieilles pierres que par la modernité.
En discutant avec Francis Lacoste, le directeur de l'établissement, face à une magnifique tapisserie d’Aubusson, j’apprends que le bâtiment trouve en fait ses origines au XIVe siècle, au moment où de nombreux prélats ont rejoint la cour Pontificale, qui avait alors déménagé en Avignon. C’était – et c’est toujours – la résidence la plus proche du Palais des Papes, résidence des Pontifes pendant près d’un siècle, que l’on pouvait rejoindre discrètement par les caves et l’ancien escalier à vis, toujours présent. Au XIXe siècle, une riche famille bourgeoise d’Avignon investit les lieux : les Pamard. L’un de ses membres devient même maire de la ville, participant à sa modernisation à la manière d'un baron Haussmann. Proche de l’empereur Napoléon III, ce notable accueille chez lui toute la haute société de l’époque et mène grand train.
C’est ce brillant héritage que la famille Stein, qui a racheté les lieux en 1987, a tenu à faire perdurer. Pour transformer l’ensemble en hôtel de luxe, ils ont engagé le décorateur François-Joseph Graff et l’architecte Gilles Grégoire. En le couvrant d’une verrière, le tandem a fait de l’ancien patio la pièce principale du bâtiment, lieu de passage obligé entre le lobby-vestibule, les différents salons, le bar et le restaurant. Un patio aujourd’hui envahi de fauteuils et de banquettes où on pourrait passer des heures. Le duo a également revu l’ensemble de la décoration, dans le respect de l’histoire des lieux, mélangeant sans fausses notes des éléments ornementaux des XVIIIe et XIXe siècles.
Chacune des 26 chambres dispose de meubles originaux : chevets, guéridons, coiffeuses, commodes ou secrétaires ont été chinés pendant des années avant de rejoindre l’hôtel. Située face à un jardin planté de palmiers, ma chambre (n° 45) affiche un style classique aux délicates touches rococo. Je m’y sens tout de suite à l’aise, gagné par la douce atmosphère des lieux. De superbes tissus de la maison Braquenié aux motifs très colorés recouvrent les murs, rappelant les fameuses indiennes de Provence, ces imprimés originaires d’Asie. Dans la salle de bain, la robinetterie anglaise en laiton contraste avec les jolis papiers peints. Et pour la toilette, je dispose d’une belle gamme de cosmétiques de chez Guerlain. Le matelas très douillet et les multiples luminaires anciens (tous dotés de variateurs) m’ont permis de passer une excellente nuit, en rêvant au temps des Pamard.
Côté dservice, j’ai pu apprécier le professionnalisme du personnel, toujours à l'écoute. La petite taille de l’établissement favorise un accueil attentionné et sur-mesure qu’on ne trouve pas ailleurs. Servi dans un superbe salon rococo, le petit déjeuner est essentiellement constitué de produits locaux (fruits frais, fromages, charcuteries) et de préparations maison (pains, confitures, compotes, etc.). L’hôtel dispose aussi d’un bar, d’un bistrot et surtout d’un fameux restaurant gastronomique étoilé, où je n’ai malheureusement pas pu dîner. Des cours de cuisine peuvent être dispensés au sous-sol, dans les anciennes caves médiévales. L’occasion de s’initier à la gastronomie provençale pour conserver un souvenir impérissable de son séjour à La Mirande.
Les questions les plus fréquemment posées sur La Mirande
Pour qui ?
Les amoureux de mobilier, les fondus d’arts décoratifs, ceux pour qui l’histoire des lieux importe autant que ce qu’ils renferment.Quel est le meilleur moment pour venir ?
L’hôtel a l’avantage d’être ouvert toute l’année. Si vous recherchez le calme, nous vous conseillons d’éviter l’été, notamment le mois de juillet, lorsque les amateurs de théâtre se pressent au Festival d’Avignon.Que faire dans le coin ?
Classé sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, le Palais des Papes se trouve juste en face de l’hôtel : c’est l’un des monuments les plus fascinants de Provence. Ne pas manquer la chambre du Cerf, ancienne salle d’étude du pape Clément VI, peinte de sublimes scènes de chasse. Non loin, le fameux « pont d’Avignon » – de son vrai nom le Pont Saint-Bénézet – mérite lui aussi un détour.La meilleure chambre pour les amoureux ?
La chambre n° 20. Coup de cœur pour ses tissus aux couleurs chaudes et sa vue imprenable sur le Palais des Papes. On a aussi beaucoup aimé les carreaux de ciment de la salle de bain et l’œuvre laissée sur un miroir par l’artiste française Sophie Calle.Un détail décoratif à ne pas manquer ?
Les tapisseries recouvrant les murs du salon chinois, collées sur de grands panneaux de bois. Elles ont été réalisées en Chine au XVIIIe siècle, mais selon le goût occidental ! Sinon, on adore aussi la discrétion des télévisions, cachées dans les miroirs…Où manger ?
Installé dans la magnifique salle capitulaire ornée de tapisseries de Bruxelles, le restaurant étoilé de La Mirande propose une expérience gastronomique hors du commun. La cuisine à tendance végétale de Florent Pietravalle puise abondamment dans le riche terroir local. Piloté aussi par le chef, le bistrot attenant permet de manger plus simplement mais toujours dans un cadre d’exception.
En résumé
La Mirande constitue une formidable ambassade de l’art de vivre à la française. Avec seulement 26 chambres, cet établissement indépendant séduit par son côté intime et chaleureux. Un must lors d’un séjour en Provence.
Hero Image : façade de La Mirande ©Christophe Bielsa