Manger un menu complet deux fois par jour, jour après jour. Année après année. Il est inévitable qu'à un moment donné, vous réagissiez mal à ce que l'on vous sert au restaurant. Heureusement, cela arrive très rarement. Dans ma carrière d'inspecteur, je n'ai été vraiment malade que trois fois suite à un repas. Je n'oublierai jamais, par exemple, comment une huile de truffe un peu trop chimique m'a tenu attaché aux toilettes toute la nuit. Les risques du métier, je suppose.
Je me souviens aussi très bien de la façon dont je suis passé à travers les mailles du filet. En cas de doute, j'ai toujours eu le bon réflexe de ne pas goûter l'ingrédient qui me semble suspect ou qui ne sent pas bon. Bien que je n'aie pas du tout eu besoin d'un réflexe aigu lors d'un test dans un restaurant à Durbuy. C'était dans un endroit qui n'était pas dans le Guide MICHELIN et qui ne le serait jamais.
Pourquoi ? Dès que le patron a apporté mon entrée à la table, tout un essaim de mouchettes c'est précipité vers la nourriture servie. Je ne savais pas ce que je voyais ! Il était impossible que je mange ça. J'ai donc prétendu que j'avais oublié mes pilules à l'hôtel – je ne pouvais soi-disant pas vivre sans elles – et je me suis enfui aussi vite que possible.
La vie d'un inspecteur MICHELIN n'est certainement pas toujours paillettes et glamour. Vous pouvez en être certain. Mais cette mauvaise expérience signifiait-elle que j'allais me coucher affamé ce soir-là ? Pas du tout. Je suis simplement entré dans un autre restaurant de ma liste et je suis allé le tester. Heureusement, sans invasion de mouchettes cette fois-ci.
Photo: au Clos des Récollets on mange toujours très bien ©O. Pirard