Actualités 1 minute 26 mars 2020

Le quotidien des chefs confinés : Eugénie Béziat

Contraints par les ordres de confinement, les chefs, habitués à vivre à toute allure, se retrouvent au chômage technique. Nous leur avons demandé comment ils occupaient leur temps libre. Aujourd’hui, Eugénie Béziat, cheffe de La Flibuste-Martin's, à Villeneuve-Loubet

"On savait bien, en voyant l'Italie, que ça allait arriver. J'ai anticipé la fermeture du restaurant, j'ai mis des préparations sous vide, congelé des choses que je ne voulais pas perdre, etc. On a eu du mal à y croire. Ça m'a coupé l'herbe sous le pied, en plein service. C'était irréel. Puis on se fait à l'idée, il faut suivre les règles pour le bien de tous. A minuit, l'équipe s'est retrouvée, on a bu un verre en se disant que c'était le dernier avant longtemps. On est tous en bonne santé, il faut positiver. C'est hyper-frustrant mais on fait avec. J'essaie d'en tirer des ondes positives. C'est le moment de réfléchir, de reposer le corps et l'esprit. Je réfléchis beaucoup à la cuisine, à ce qui m'entoure. Ma philosophie culinaire est renforcée par cette épreuve : privilégier le local, les producteurs, se recentrer ! C'est un signal d'alarme, on ne peut pas continuer à traiter la planète comme ça. Mais j'ai peur que tout le monde n'en prenne pas la mesure et que les enjeux financiers reprennent très vite le dessus.

“Même dans ma petite cuisine, je suis toujours à l'affût des goûts, je fais des petites recherches... Les réflexes sont toujours là.”

Le confinement, c'est passer d'une hyperactivité à rien du tout. Impossible pour moi d'être inactive, je me connais, alors je me suis tout de suite mis un rythme. Je me lève à huit heures, j'écoute les infos à la radio, je m'occupe de la maison, je fais beaucoup de sport, je sors le chien. Je lis aussi, je vois des documentaires, des films. J'essaie de garder une activité intellectuelle et physique. On s'appelle beaucoup entre chefs, on est très solidaires. Je remonte le moral de mes troupes : il ne faut pas se laisser abattre ! Au fond, cette inactivité, c'est hyper-reposant. Même si je me couche à 23h, c'est toujours beaucoup plus tôt que d'habitude. Je ne me suis jamais reposée comme ça. Je fais des courses, je remplis mon frigo, je cuisine chez moi, ce qui ne m'arrive jamais. Je garde des réflexes de cuisinier : même dans ma petite cuisine je suis toujours à l'affût des goûts, des odeurs, je fais des petites recherches, des tests, c'est toujours là. Il va falloir revenir avec une belle carte à la réouverture !"

Eugénie Béziat est la cheffe de La Flibuste-Martin's, à Villeneuve-Loubet (06).

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