Le Guide MICHELIN vient de dévoiler sa nouvelle sélection pour la Turquie (lire ici). Cette année, j’ai eu la chance de découvrir les scènes culinaires d’Istanbul, Bodrum et Izmir. Ce périple, véritable mosaïque d’expériences, m’a laissé des souvenirs inoubliables, bien au-delà de la gastronomie.
À Urla, j’ai parcouru des chemins sinueux menant à des vignobles d’exception, nichés dans des paysages vallonnés et verdoyants. À Istanbul, j’ai été saisi par le panorama spectaculaire depuis le sixième étage de l’hôtel The Peninsula, avec en toile de fond la mosquée Sainte-Sophie et la Corne d’Or. J’ai alterné entre des repas chaleureux dans de modestes restaurants de village, où les dolmas maison avaient un goût exceptionnel, et des diners somptueux dans des resorts avec plage privée, yachts et un service de sécurité discret mais omniprésent. Je repense avec nostalgie à ces petits-déjeuners savoureux dégustés face aux eaux bleu azur.
Au fil de mes pérégrinations, ma faculté d’adaptation a été mise à rude épreuve. Par exemple, juste avant mon départ, j’ai appris qu’un restaurant pressenti pour décrocher une étoile allait fermer ses portes en raison de la fin de la saison, un scénario qui s’est reproduit une autre fois. Dans ce métier, il faut savoir rebondir rapidement. Ainsi lorsqu’un dîner initialement prévu dans un complexe hôtelier a pris une mauvaise tournure, j’ai dû revoir mes plans. J’ai décidé de me rendre dans deux établissements prometteurs : le premier à 17 h, le second à 20 h 30. Un véritable marathon pour mon estomac, mais largement récompensé : les deux restaurants étaient à la hauteur, et l’un d’eux a même décroché un Bib Gourmand. Une longue marche s’est ensuite imposée pour digérer toutes ces merveilles.
Au volant, je me suis parfois retrouvé coincé dans des ruelles si étroites que ma voiture passait à peine. Heureusement, des habitants bienveillants m’ont toujours aidé, certains en profitant même pour me vendre du miel. Les repas en plein air, en compagnie de chiens et de chats errants, m’ont offert de belles parenthèses, même si déjeuner dehors sous 40 degrés reste une épreuve à laquelle je ne m’habituerai jamais. Le métier d’inspecteur peut s’avérer intense pour le corps.
Il demande aussi de la patience ! Une fois, dans un taxi, je regardais le paysage défiler, quand le chauffeur m’a déposé devant la porte d’un hangar fermé au beau milieu de nulle part. Le lieu n’avait rien de rassurant, et en voyant mon taxi s’éloigner, j’ai eu l’impression d’être dans la scène d’un mauvais film. Heureusement, un autre taxi m’a récupéré et j’ai pu rejoindre un restaurant qui était ouvert, lui, ce soir-là.
Il y a aussi eu cette soirée au Nobu, le restaurant du Ritz Carlton, l’un des hôtels les plus luxueux d’Istanbul. Le cadre était intime, avec un éclairage tamisé et une ambiance feutrée. Les couples échangeaient des regards complices, et je parcourais tranquillement le menu. Une jeune femme s’est alors installée, a sorti son ordinateur, passé un appel et discuté à voix haute pendant… une heure et demie (!) Adieu la romance, et la tranquillité !
Mon extraordinaire expérience en Turquie dépasse largement ces aventures. Je préfère mettre en avant la richesse culturelle du pays et la diversité de sa scène culinaire. Explorer la gastronomie sous un nouvel angle et découvrir des initiatives durables est incroyablement stimulant. J’ai déjà hâte d’y retourner !