Elle fait partie des 10 femmes qui inspirent la gastronomie en France en 2025. Telle une danseuse de ballet virevoltant avec grâce, Sarah Benahmed possède un talent rare : celui d'embellir l'expérience des convives du restaurant doublement Étoilé La Table du Lausanne Palace, en Suisse. Un talent salué à deux reprises (fait rarissime) par le Guide MICHELIN. À seulement 33 ans, cette directrice de salle a en effet reçu deux fois le prix du Service Award (traduire, du service et de l’accueil). En 2019, au Crocodile, à Strasbourg. Puis en 2024, à La Table du Lausanne Palace, en Suisse, où officie son chef de mari, Franck Pelux.
“C’est un service du cœur, un mélange d’authenticité, de sincérité et d’élégance du geste.”
Sa chaleur humaine, justement, Sarah Benahmed la revendique, et à raison ! C'est cette sincérité qui a marqué les Inspecteurs en 2024, lors de l'attribution de son Service Award à Lausanne, saluant ainsi « son professionnalisme ainsi que sa manière charmante, décontractée et rafraîchissante de prendre soin des clients ».
Passages par de grandes maisons, certaines triplement Étoilées, comme Le 1947 à Cheval Blanc à Courchevel (Yannick Alléno) départ à Pékin avec son mari, le chef Franck Pelux pour prendre les commandes de Temple... Ce sont autant d'univers qui l'ont nourrie et ainsi permis de mûrir une vision de l'expérience gastronomique qui lui est propre, aux antipodes des codes de certains palaces. La jeune directrice de salle refuse d'associer excellence et froideur, intimant ses collaborateurs à garder leur authenticité, pour assurer aux convives des expériences de service où l'humanité tutoie le mémorable, en toute humilité. Sarah Benahmed n'hésite pas à se définir, avec son mari, comme des 'aubergistes'.
Maman depuis 2022 d’une petite Siana, la directrice de salle à l'énergie contagieuse a tenu à souligner en recevant son prix que ce métier pouvait aussi s’accompagner d’une vie de famille épanouie : « C'est du travail » concède-t-elle, mais si on le fait avec beaucoup de sincérité, sans attendre quelque chose en retour, « ça paie toujours ».
Et parce qu'une femme talentueuse peut en cacher beaucoup d'autres, nous avons demandé à Sarah Benahmed de citer 5 autres business women qui l'inspiraient...

Rabia Pelux, ma belle-mère, ex-cheffe et propriétaire de restaurant
« Tout a commencé il y a bientôt seize ans, lorsque j'ai rencontré officiellement la famille de celui qui allait devenir mon époux. J'ai eu un véritable coup de cœur pour ma future belle-maman. Une femme belle, élégante et distinguée, mais aussi une cheffe hors pair, à cette époque propriétaire du restaurant familial La Clé des Champs, à Autun, en Bourgogne... Là où mon mari Franck a fait ses classes ! Rabia incarne l’amour inébranlable et la résilience. Son histoire et sa manière de vivre, toujours empreintes de dignité et d’une générosité sans égale, ont été et restent des sources d’inspiration quotidienne. Elle est l'incarnation de la femme forte, de la femme qui a du cœur, aussi. Un véritable pilier.
NDLR : Si les Pelux étaient imprimeurs de père en fils, Rabia Boufeldja, d’origine algérienne, travaillait en effet dans le restaurant de sa famille, dont la cuisine était tenue par son frère. Au décès de celui-ci, elle a cherché à recruter des chefs, avant de prendre elle-même les fourneaux, après avoir fait des stages chez Lameloise, Loiseau ou Meneau, les grands Étoilés bourguignons.
Toujours présente pour chaque membre de la famille, elle est le rayon de soleil dans les journées sombres, et sait apporter réconfort et sourire. Elle m’a appris à toujours garder la tête haute et à ne jamais abandonner, même dans les moments difficiles. Elle m’a montré comment affronter les épreuves avec force, calme et fidélité à soi-même, en sachant que chaque défi fait partie du parcours de la vie. Nous partageons toutes deux cette volonté de faire en sorte que les autres se sentent aimés, soutenus et valorisés, ce qui se reflète dans la manière dont nous abordons la vie et nos responsabilités. »
Monique Jung, ex-Directrice du Crocodile
« Je connaissais le parcours de cette grande dame depuis de nombreuses années et j’ai enfin eu l’opportunité de la rencontrer lorsque nous avons pris la direction du Crocodile à Strasbourg, l’ancienne maison du mythique couple Jung, qui en a fait une institution de renommée mondiale. En observant la fidélité des clients du Crocodile, j’ai pu mesurer l’empreinte indélébile laissée par Madame Jung, tant par son charisme que par sa générosité, et ce, malgré plus de dix ans de retraite bien méritée.
Au fil du temps, nous avons noué des liens d’amitié et avons eu la chance de partager des moments précieux et toujours enrichissants à ses côtés. Dès notre première rencontre, je me suis sentie connectée à elle, unie par notre passion pour le métier, l’amour de nos hôtes et le soutien que nous apportons à nos chefs. Un langage commun qui traverse les générations. Madame Jung nous a toujours conseillé de prendre soin de nous et de préserver notre jardin secret. »
NDLR : Née Andres, Monique Jung a incarné avec son mari, le chef Émile Jung, un couple iconique de la restauration d'excellence alsacienne. C'est Hélène, la mère d'Émile Jung, alors en charge de l’administration, de l’accueil et du service de l’Auberge, le restaurant familial, qui engage pour la seconder Monique. Les qualités professionnelles de la jeune femme s'apparentent de façon frappante à celles de Sarah Benahmed : un sens inné de l’accueil, une élégance raffinée et un phrasé tout en douceur. En 1971, Monique et Émile Jung rachètent Le Crocodile, qui obtient une puis deux Étoiles au Guide MICHELIN. En 1989, ils décrocheront la troisième Étoile.

La chanteuse Beyoncé
« J’ai commencé à écouter Beyoncé au début de sa carrière avec le groupe Destiny's Child, à une époque où j'étais encore une enfant. Son évolution vers une carrière solo m'a complètement captivée. À chaque nouvel album, elle a su me transporter et me faire ressentir un plaisir immense.
Ce que j'admire profondément chez Beyoncé, c'est non seulement sa voix, mais aussi sa force intérieure, son indépendance et sa capacité à briser les barrières dans un monde où les femmes continuent de faire face à de nombreux défis. Elle a su se hisser au sommet de l'industrie musicale, tout en délivrant des messages puissants. Elle incarne l'excellence dans tout ce qu'elle entreprend, et a su rester fidèle à ses racines. Ce mélange de talent, de détermination et de prise de position fait d'elle une icône presque inégalée.
Je me sens proche d'elle dans son engagement. Bien que nos métiers soient très différents, nous partageons une volonté commune de donner le meilleur de nous-mêmes et de porter des messages forts. Elle, à travers sa musique et ses performances, et moi, à travers mon travail, cherchons à apporter du plaisir et à avoir un impact positif dans la vie des autres. Nous partageons aussi cette conviction qu'il est essentiel de ne pas avoir peur de s'affirmer, surtout en tant que femmes, dans des domaines où il peut encore être difficile de se faire entendre ».

Isabelle Poupinel, céramiste-designer
« J'ai découvert le travail d'Isabelle Poupinel lors de mon expérience au restaurant triplement Étoilé de Yannick Alléno, Le 1947 à Cheval Blanc (Courchevel), l'un de mes premiers postes à responsabilité. C’est là que j'ai eu l’opportunité d'admirer ses créations de vaisselle, et son travail m’a immédiatement captivée par la finesse et l'émotion qu’il dégageait.
Ce qui me touche particulièrement chez Isabelle Poupinel, c’est sa sensibilité artistique unique et la belle âme qu'elle incarne. Elle parvient à allier fonctionnalité et esthétique dans ses créations, de manière à ce que chaque pièce de vaisselle ne soit pas seulement un outil, mais également une véritable œuvre d'art. Isabelle a cette capacité remarquable à comprendre les besoins d’un chef et à les traduire de façon créative dans des pièces uniques, conçues sur mesure.
Trop souvent, les créateurs de vaisselle demeurent dans l'ombre des chefs cuisiniers, mais le travail d'Isabelle est un parfait exemple de la manière dont un objet du quotidien peut devenir un moyen d’expression artistique, capable de stimuler tous les sens, sans aucun doute, il enrichit l’expérience gastronomique, apportant une dimension esthétique qui sublime les plats et contribue à une immersion complète.
Je me sens proche d’Isabelle Poupinel dans notre volonté commune de sublimer l’expérience des autres par notre travail. Bien que nos métiers soient différents, nous partageons un souci du détail et une volonté de placer l’humain au cœur de notre démarche créative. »

Azusa Kozma, fondatrice et Directrice de Swissmiso
« J’adore le travail d’Azusa Kozma, une Japonaise vivant près de Genève qui, avec deux amies, ont fondé Swissmiso, un long processus de fabrication d’un miso frais et local ! Elles mènent un travail précis et méticuleux. Les graines de soja sont cultivées en bio sur les rives du Léman, puis s’y ajoute du koji, une levure naturelle, avec du riz blanc, ainsi que du sel des Alpes suisses. C’est un délice !Mon coup de cœur ce sont les truffes miso, compactées comme les douceurs chocolatées. Elles fondent dans un bol rempli d’eau chaude pour être dégustées en soupe. Il en existe quatre variétés : ciboulette et poivron rouge, poivron jaune et oignon rouge, sésame blanc et gombo, sésame noir et champignons shiitaké. »