Portraits 3 minutes 28 septembre 2020

« On aime casser les règles »

Namur est la ville de La Houppe. La bière locale a conquis sa place sur la liste des boissons de nombreux restaurants depuis 2013 et est appréciée par les chefs dans leur cuisine. L'approche « out of the box » et les idées branchées plaisent aux amateurs de bières.

« Nous avons commencé au bon moment » dit François Collard, l'un des cinq fondateurs. « Il y a sept ans, on trouvait à peine une bière de type Indian Pale Ale ici, ce que beaucoup d'autres brasseries proposent aujourd'hui. C'était tout à fait nouveau quand nous avons commencé. L'un des fondateurs est un brasseur et il a perfectionné la recette. Nous avions un bon produit qui a tout de suite fait mouche, et nous l'avons mis sur le marché namurois de la bonne manière. Le succès n'a pas tardé. »

Cependant, les cinq hommes ont démarré tranquillement. Ils avaient toujours un emploi à temps plein. Le choix de commencer à brasser de la bière leur semblait logique, compte tenu de leur passion pour la bonne cuisine, les bonnes boissons et la maigre offre de bière dans la région. Leur flair pour les affaires et un marketing pointu ont été capitaux. « Ce n'est pas seulement votre produit qui compte, tout ce qui l'entoure doit plaire aux gens. Nous n'avons pas beaucoup de produits, mais nous les commercialisons bien. Comme la bière marchait bien, nous avons dû faire des choix. Entre-temps, nous sommes deux à travailler à plein temps pour La Houppe. Aujourd'hui, nous sommes incontournables à Namur, c'est clair. »

« Notre approche est très axée sur la région, nous sommes une véritable microbrasserie locale. Nous essayons également de nous concentrer de plus en plus sur le local pour nos ingrédients. Bien que pour le houblon aromatisé, par exemple, il faille généralement se tourner vers les États-Unis. »

“Le problème dans le milieu de la brasserie est que beaucoup de gens s'imitent les uns les autres.”

Bières de chef
L'approche de La Houppe diffère de celle de la brasserie classique. Ici donc pas de bière blanche, de bière brune, etc. Les brasseurs fabriquent les bières qu'ils aiment. Leur La Houppe, fruitée avec du houblon aromatisé, et leur Jambes en l'air, une bière plus légère qui a du caractère. Une bière de bon temps, dit même Collard. Les chefs aiment les utiliser dans leur cuisine. Dans un plat de poisson au D'Arville, par exemple, ou dans un ragoût au Bistro Phil.

« Nous avons également lancé quelque chose de nouveau sur le marché : un cocktail que vous devez associer avec notre bière si vous voulez lui donner un caractère plus apéritif. Avec Le Félicien Sweet, vous rendez la boisson plus sucrée, avec plus de notes de fruits et d'agrumes. Le Félicien Bitter accentue l'amertume. Nous l'avons développé avec Botanical by Alfonse, ici à Namur, un excellent mixologue. »

« En France, j'ai déjà entendu parler de barmans qui préparent des cocktails pour de la bière, mais je n’en ai pas encore rencontrés dans le commerce. C'est amusant et original. Je suppose qu'ils vont bientôt nous imiter. Le problème dans le milieu de la brasserie est que beaucoup de gens s'imitent les uns les autres. Il est difficile d'être innovant en tant que brasserie. »

Pourtant, ils réussissent à La Houppe. En fabriquant occasionnellement des bières en collaboration avec des artistes, par exemple, qui créent des labels uniques. La gamme de ces bières est désormais complétée par de véritables ‘bières de chef’. « Nous avons rencontré Stefan Jacobs lorsqu'il avait un restaurant pop-up à Namur. Nous avons travaillé ensemble à l'époque, et quand il a ouvert Hors-Champs à Gembloux, il a appelé pour nous demander si nous pouvions faire quelque chose ensemble à nouveau. Nous travaillons ensemble depuis lors. »

« Dans son restaurant, vous trouverez toutes nos bières. Ensemble, nous avons fabriqué une bière à base de plantes sauvages, cueillies par Stefan et son équipe. Nous en avons fait une vingtaine d'hectolitres, soit environ six mille bouteilles. Elles sont toutes parties maintenant. Surtout vendues au restaurant. Nous prévoyons de refaire la bière, peut-être avec d'autres plantes. À l'avenir, nous voulons également travailler avec d'autres chefs. Des gens qui peuvent ajouter ce petit grain de folie et de la connaissance spéciale à la bière. »

La Houppe fabrique occasionnellement des bières en collaboration avec des artistes.
La Houppe fabrique occasionnellement des bières en collaboration avec des artistes.

Environnement concurrentiel
La collaboration avec les artistes et les chefs montre que La Houppe a sa propre vision. Si vous tenez compte de tout le travail préparatoire pour ces éditions limitées, ils couvrent à peine tous leurs frais. « C'est en effet purement pour le plaisir. Ce n'est pas rentable. Notre objectif est de lancer de nouvelles choses, de créer des liens avec les restaurateurs et de grandir ensemble. »

« Si vous regardez la bière de Stefan, il faut beaucoup de travail pour trouver un équilibre dans le goût puissant des plantes sauvages. Bien sûr, il faut aussi trouver la bonne variété de houblon. Et nous devons penser à notre image, la bière doit être reconnaissable comme une de nos bières. Également en termes de ligne graphique. Ça nous a demandé beaucoup de travail, mais le résultat est là. »

A La Houppe, ils n'aiment pas les concessions. Ils n'ont pas d'agenda fixe, ils ne sortent de la bière que lorsqu'elle est complètement à leur goût. Ils veulent se faire remarquer dans le monde plus en plus vaste des brasseries. « Dans notre environnement hautement compétitif, vous devez trouver votre propre voie. Les brasseries qui adoptent une approche différente donnent de l'oxygène à notre milieu. Nous aimons casser les règles. Faire les choses différemment. Pour nous, cela commence par nous faire plaisir. »

« Notre objectif est de rester à une taille où l'on s'amuse. Ne pas atteindre vingt mille hectolitres dans les cinq ans. L'aventure doit être intéressante et amusante. Après notre bâtiment au centre-ville, nous en avons acheté un deuxième à Wépion fin 2018. Aujourd'hui, notre stock est là, mais ce site s'inscrit aussi dans les projets d'avenir de la brasserie. Où tout cela nous mènera-t-il ? Disons simplement que nous avons de beaux et amusants projets à venir. »

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