Restaurants 3 minutes 21 mai 2024

Le Bib Gourmand du mois : Furbetto

Les « filous », « furbetti » en italien, ce sont Jasper Voet et Gust Vanderwaeren, avec leur approche toute personnelle de la cuisine italienne. Rencontre et entretien avec Jasper, un des chefs, où il sera question d’un carnet de réservations plein, d’un beau-père au restaurant étoilé au Guide MICHELIN et de trouvailles « zero waste ».

Si vous avez besoin d’un petit rappel, retenez que la distinction Bib Gourmand est décernée aux restaurants proposant des repas complets à des prix raisonnables. Tous sont uniques et le prix peut bien sûr varier d’un pays à l’autre, mais l’exigence de qualité est la même pour tous.

Forts de ces critères, nous mettons en avant chaque mois une de nos adresses préférées et vous soufflons ce qu’il faut commander, les infos sur le meilleur moment pour s’y rendre…Que l’on parle d’une brasserie à l’ancienne anversoise, de spécialités chinoises sur les rives de la Meuse ou d’un chef alliant créativité et développement durable à Utrecht, notre sélection de Bib Gourmand saura vous satisfaire, vous et votre porte-monnaie. Vous trouverez ici la liste complète des restaurants Bib Gourmand en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas.



Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de votre cuisine ?

« Notre cuisine puise son inspiration en Italie. Gust et moi y avons travaillé dans des établissements gastronomiques. Nous aimons ce qui va droit au but : une cuisine de saison qui se concentre sur l’essentiel, et met l’accent sur les produits, sans se disperser. Parce que c’est ce que nous-mêmes nous préférons ! »

« Avant notre ouverture, il y a un peu plus d’un an, on nous a demandé si nous allions aussi proposer des pizzas ! Tout le cliché du restaurant italien… Mais les gens comprennent maintenant ce que nous faisons. Nous mettons beaucoup de soin quant à la préparation de nos pâtes fraîches et de notre pain maison. Nos clients retrouvent chez nous l’expérience d’une trattoria qu’ils ont peut-être visitée lors d’un voyage en Italie. »

« Nous nous fournissons le plus localement possible. Cela demande parfois quelques efforts, mais ça en vaut la peine ! Grâce à Kort’om, une coopérative qui regroupe une vingtaine d’agriculteurs de Louvain, nous sommes en contact avec de nombreux producteurs de la région. L’Amap De Witte Beek, à Bierbeek, nous livre des légumes presque tous les jours. Enfin, pour les produits typiquement italiens que l’on ne trouve pas ici, comme l’huile d’olive et les agrumes, nous travaillons avec la coopérative sicilienne bio Valdibella. »


Quelle est l’idée à l’origine de Furbetto ?

« Gust et moi sommes des amis d’enfance. Il a fait l’école hôtelière, moi des études d’histoire de l’art. Nous avons toujours eu envie d’ouvrir un restaurant ensemble. Quelque chose d’accessible, avec une carte des vins sympa et une offre à la carte. Chaque fois que nous revenions à Louvain après un voyage à l’étranger, ce désir revenait. Il y a quatre ans, nous avons décidé de nous lancer et, après trois ans de recherches, nous avons réalisé notre rêve avec Furbetto. »

« C’est formidable de voir que tant de gens sont enthousiasmés par notre restaurant. Parfois, nous avons besoin de prendre un petit temps pour réaliser ce qui nous arrive. Nous sommes dans une situation très confortable, car nous sommes complets depuis le premier jour. Pour les quatre prochains mois, nous n’avons pas une seule table de libre. Cela nous rend un peu moins accessibles, c’est vrai, mais nous n’allons certainement pas nous plaindre ! »

©Latifa Saber
©Latifa Saber
À quelle fourchette de prix les clients peuvent-ils s’attendre ? Quelles sont les formules proposées pour le midi et pour le soir ?

« À midi, nous proposons un lunch avec deux plats au choix pour 31 euros, que nos clients peuvent compléter par un dessert. Pour ce service, nous travaillons sans personnel, la formule lunch nous permet cette organisation. Le soir, nous fonctionnons entièrement à la carte. Si le client a envie de se lâcher un peu et de se faire plaisir – un apéritif, une bonne bouteille de vin pour deux, cinq à six plats à partager et le café –, on arrive à environ 65 euros par personne. »


Comment décririez-vous votre approche des produits et de la cuisine ?

« Nous pensons qu’il est très important de cuisiner avec des produits de saison, arrivés à pleine maturité. Si vous suivez ce principe, la qualité est au rendez-vous. La chaîne entre nous et les producteurs est la plus courte possible, et nous travaillons avec des personnes qui partagent la même passion que nous. C’est ainsi que nous pouvons choisir ce qu’il y a de meilleur. »

« Par ailleurs, nous ne nous cantonnons pas à une région italienne particulière, nous faisons notre propre… cuisine ! L’idée n’est pas de cuisiner le plus authentiquement possible. J’ai été élevé davantage dans la cuisine du nord de l’Italie parce que le père de ma future femme est le chef du Vintage 1997 à Turin, qui a une étoile MICHELIN. C’est une belle coïncidence : j’ai rencontré ma petite amie en Belgique lorsqu’elle est venue s’y installer en tant que danseuse. C’est agréable de partager cette passion pour le vin et la gastronomie avec ma belle-famille. J’ai également eu l’occasion de faire un stage chez Vintage 1997. »

©Latifa Saber
©Latifa Saber
Comment avez-vous conçu un menu à la fois intéressant et d’un bon rapport qualité-prix ?

« Il a toujours été important pour nous d’être accessibles tant pour l’atmosphère de notre restaurant que pour ses prix. C’est un choix délibéré de ne pas travailler pas avec des produits de luxe et d’utiliser beaucoup de légumes. En achetant directement aux agriculteurs, on supprime une étape de la chaîne et on obtient de bons prix. Il faut parfois travailler davantage, mais cela porte ses fruits. »

« Dans mon parcours professionnel, je suis aussi passé par le restaurant Amass au Danemark, où tout tournait autour de l’absence de déchets. Cette éthique – à un autre niveau que chez nous – se retrouve fortement dans la cuisine italienne. Il s’agit d’apporter beaucoup de saveur avec peu d’ingrédients. Pour nous, il est important que nos clients paient un prix juste. »


Quelles sont vos initiatives antigaspi ?

« Si nous avons des surplus de fruits ou de légumes, nous les faisons fermenter ou nous les mettons en saumure autant que possible. Nous en tirons de la mostarda ou de la confiture, que nous servons avec le fromage. Les parties du poisson ou de la viande que nous n’utilisons pas servent pour les sauces des pâtes. Les croûtes de parmesan vont dans un bouillon ou sont transformées en crème. Il y a toujours une idée ou un plan B pour valoriser ce dont on n’a pas besoin tout de suite. »

Head Photo ©Latifa Saber

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