Le quotidien au bureau est plein de rebondissements ; des séries entières y sont consacrées. On peut vivre des situations surprenantes, parfois cocasses, ou même particulièrement gênantes. Quoi de plus divertissant que d’échanger le soir, autour de la table, des anecdotes sur sa journée de travail ? Mais qu'en est-il lorsque la journée de travail s’est justement déroulée autour d’une table ? Nous avons demandé à certains de nos inspecteurs de partager quelques-unes de leurs expériences les plus mémorables.
Les apparences sont parfois trompeuses
Les plats exceptionnels restent gravés dans la mémoire de nos inspecteurs. Mais aussi les événements qui leur sont arrivés lors de leur recherche des meilleurs restaurants. Parfois, les choses tournent mal. Cette histoire remonte déjà à plusieurs décennies. Mais le souvenir est encore frais - car ce genre de choses arrive rarement.
"Je mangeais dans une auberge française, j'étais alors jeune inspecteur. C'était un bel établissement bien entretenu. J'avais mangé en entrée un consommé de tomates très bien réalisé, puis un ragoût d'agneau avec des spätzle et des légumes. L'entrée et le plat principal étaient savoureux et cuisinés à souhait. En dessert, j'avais commandé une mousse au citron. Elle était très bien présentée, garnie de fruits frais et de coulis de framboises, comme c'était la mode à l'époque.
La grande surprise est arrivée. J'ai pris la première cuillère et je n'en croyais pas mes yeux. Au lieu d'une mousse au citron, j'avais une mousse de poisson dans mon assiette. Elle n'était pas mauvaise en soi - en entrée, elle aurait été vraiment top. Le restaurateur était terriblement gêné par cette erreur et s'est excusé à plusieurs reprises. Finalement, on m'a servi le bon dessert. L'espresso m'a été offert par la maison. Le restaurant est-il resté dans le sélection dans le Guide MICHELIN ? Eh bien, il a peut-être simplement commis une erreur lors du rangement des produits. Cela ne devrait pas arriver, mais cela peut arriver. Un autre inspecteur y a ensuite été envoyé, et il a heureusement pu confirmer que mon expérience était une exception".
Inspecteur ou acteur ?
"C'était un vendredi soir, le neuvième et donc le dernier dîner test de la semaine. Un collègue avait déjà dîné dans ce restaurant quelques temps auparavant, je m'assurais donc qu'il était toujours à la hauteur de sa distinction. Nul doute, la cuisine était excellente, mes sens aiguisés.
Je dégustais en plat principal un agneau fantastique. La qualité et la préparation de la viande était vraiment excellentes. Il était accompagné d’un excellent jus, de pommes de terre et de quelques légumes. C'était sans aucun doute le meilleur plat principal de la semaine. Après l'avoir dégusté, je posais mes couverts et passait en revue le dîner, rêvant presque un peu, appréciant les produits et les compétences de l’équipe de cuisine.
Puis le patron se présenta à ma table pour s'assurer de ma satisfaction. Arraché à mes pensées, j'ai alors répondu spontanément et honnêtement : « C’était le meilleur agneau de la semaine ! » L’expression de son visage a trahit son étonnement tout à fait compréhensible face à ma consommation manifestement élevée d’agneau.
Ce soir là, j’ai oublié que même si je suis inspecteur MICHELIN, je suis toujours un peu acteur.
Un moment de honte est vite passé
« Une fois, le système de réservation a indiqué à un restaurant que c’était mon anniversaire, ce qui n’était pas le cas. Quand je suis arrivé, je n’ai pas vraiment réagi à leurs vœux. Mais une fois le dessert arrivé, celui-ci était décoré d'une bougie allumée. Le restaurant était tout petit, et tout le monde s’est retourné en levant son verre. J’ai tout de suite compris qu’ils pensaient tous que j’étais seul pour mon anniversaire, et que je m’étais offert un menu dégustation pour l’occasion. J’avais envie de disparaître sous la table. »
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Mieux vaut être seul que mal accompagné
« En pleine pandémie, alors que les établissements commençaient à rouvrir leurs portes, certains restaurant ont cru bon d’installer des mannequins dans leur salle à manger pour donner une impression d’affluence, car ils étaient encore tenus à une capacité limitée. C’était certes une solution imaginative, jusqu’à ce qu’ils décident de m’installer, seul, à une table de quatre avec deux mannequins déjà attablés. Je n’étais nullement dérangé de les voir dans la salle de restaurant, mais le fait de m’installer avec eux me rendait plus visible, je me suis senti un peu ridicule. Lorsque j’ai fait mon choix, ma commande était plus conséquente qu’un repas standard pour une personne, et le serveur a gentiment suggéré que j’avais dû commander un peu trop pour moi seul. J’ai donc montré mes compagnons de table et dit : “mais c’est une commande pour trois personnes”. Ils n’ont pas semblé apprécier ma plaisanterie. »
Une belle frayeur
« Je me rendais à un restaurant excentré, par une route de montagne très venteuse au bord d’une falaise non protégée. J’étais à 2,5 km du lieu lorsque j’ai découvert que la route était barrée en raison de travaux dus à un éboulement. La route n’était pas assez large pour que je puisse faire demi-tour avec mon break, alors j’ai dû refaire tout le trajet en marche arrière. J’avais envoyé à ma famille une liste des hôtels et des villes que je devais visiter, au cas où ils n’auraient plus de mes nouvelles ; cela leur donnerait un point de départ pour me chercher. Mais bien sûr, ce restaurant n’était pas sur la liste. Tout le long, je n’ai pas pu m’empêcher de m’imaginer tombant dans le ravin, en me disant qu’ils n’auraient aucune idée de l’endroit où je me trouve. J’ai raconté cette histoire à un collègue, qui m’a dit que lui aurait laissé la voiture et appelé la société de location pour qu’ils viennent la chercher. »
Image d'illustration : Cathy Mayer / @cthartica
Toutes les illustrations ont été réalisées par Cathy Mayer / @cthartica
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