Cour du Corbeau

Epicurienne et festive, alors qu’on la croit souvent guindée, Strasbourg cache bien son jeu, ne révélant jamais tous ses charmes d’emblée. La formule s’applique aussi à cet hôtel logé dans un relais de poste du XVIème siècle, à deux pas de la rivière, qui a vu passer Voltaire et Nicolas II. Derrière sa façade à colombages, ses boiseries sombres et ses fenêtres à vitraux, se cache un petit bijou d’hôtel de charme, qui a découvert comment le design, la couleur et les lustres néo-baroques pouvaient donner un vrai coup de peps à l’architecture alsacienne.

Le mariage s’est fait tout en douceur, en intégrant la ligne MGallery du groupe Accor, désormais synonyme de boutique-hôtels intimistes qui racontent chacun leur propre histoire. Malgré un nom un peu sévère — la « Cour du Corbeau » désigne aujourd’hui un délicieux patio sur lequel donnent des chambres et des suites d’un calme absolu —, plus la moindre trace d’austérité en ces lieux. Dans les grandes chambres blanches baignées de lumière naturelle, aux parquets de chêne d’origine, les meubles Louis XV, revisités avec des toiles roses ou parme, se sont réveillés primesautiers, tandis que les têtes de lits capitonnées apportent une note voluptueuse.

Le petit-déjeuner intègre bien sûr bretzels et kouglofs, mais toutes les pâtisseries cultes de la ville, ainsi que la Cathédrale, les ruelles et les célèbres ponts couverts du quartier de la Vieille France sont à cinq minutes de marche, de l’autre côté de l’Ill. En cas d’overdose de vieilles pierres classées Unesco ? Un cocktail au bar, sur des banquettes en velours aubergine, sera un délicieux sas avant une weinstub animée ou une table étoilée. Car la réputation gastronomique de Strasbourg, en revanche, est toujours parfaitement méritée.