Hôtel de Nell

Certains hôtels ont le minimalisme ennuyeux, voire carrément réfrigérant. Un tel choix esthétique ne supporte pas la médiocrité des matériaux, ni les architectes sans talent. Au Nell, le groupe Charm & More a évité ce double écueil en engageant une star : Jean-Michel Wilmotte, qui a couvert de parquets de chêne à larges lattes le sol de ce bel immeuble haussmannien à cariatides, cheminées, fenêtres en arrondi et recoins intimistes.



Dans les chambres aussi, c’est un festival de textures luxueuses et voluptueuses, avec des tapis en laine bio, de vastes douches à l’italienne en pierre noire, des luminaires coiffés de papier japonais et, dans les meilleurs chambres, de somptueuses baignoires japonaises au dosseret en bois de myrte de l’Oregon. Tout est sobre et lumineux, ce qui a toujours effet d’agrandir l’espace, même dans les chambres plus exigues.



Même l’adresse — la discrète rue du Conservatoire, juste à côté des Folies Bergère — joue l’anti-bling bling. Si elle est à deux pas de l’Opéra et des Grands Magasins, juste à côté du marché Cadet, les initiés savent aussi que les environs abritent une concentration exceptionnelle de cantines trendy chic à chefs japonais, britanniques, australiens, des coffee-shops pour le jour et des cocktails bars pour la nuit.



Mais en fait, vous avez tout aussi bien à domicile : un très agréable mini-spa, une bibliothèque pour s’attarder avec un café, un bar cosy sous la verrière — dont Wilmotte a dessiné les canapés aux lignes pures avec « alcoves » incorporées — et surtout, surtout, un nouveau temple de la bistronomie. Dans un décor noir et blanc graphique (hommage à la regrettée Andrée Putman ?), Bruno Doucet a ouvert une « Régalade », troisième du nom, où les gourmands se sont empressés d’aller vérifier que son œuf en persillade basse température ou son cultissime riz au lait étaient toujours imbattables. Un vrai coup de génie : on se sent tout de suite moins touriste, quand c’est le gratin des foodies parisiens qui vient dîner chez vous…