Palazzina Grassi

Philippe Starck et Venise ? D’abord insolite, l’idée se révèle bien vite séduisante. À deux pas du campo Santo Stefano et à quatre du palais des Doges, le Palazzina Grassi a ouvert ses portes au rêveur français qui a su le remercier en y mettant les formes : abat-jours masqués, rocking-chairs chromés, chandeliers de carnaval ou encore bovidés d’apparat. Et après une rénovation d’envergure tout juste achevée, le Palazzina apparaît encore plus éclatant qu’au premier jour.

Une trentaine de chambres confortables, parfois blanches et dénudées jusqu’au scandale, jouent avec les fantômes de la ville, avec son architecture, ses légendes et ses canaux, pour faire basculer la Venise du 16e siècle vers une Venise futuriste, faisant la navette entre la galerie des Glaces et l’ère glaciaire. Derrière les rideaux pourtant, la Venise réelle est toujours là, pas près d’être engloutie. Ses visions de fin du monde, Starck les a confiées à Aristide Najean, poète sur verre installé à Murano et dont les taureaux étranges, les dragonnes, les appliques à langues de feu et les rêves gravés ornent les parties communes de la Palazzina.