Aram Yami Hotel

Jusqu’à la fin du 18e siècle, Salvador de Bahia était la capitale du Brésil, en même temps que le premier exportateur mondial de canne à sucre. Dans les deux cas, elle ne l’est plus. Mais elle était aussi le symbole d’un Brésil colonial, au sang métissé par un lourd passé esclavagiste. Et heureusement, elle ne l’est plus non plus. De cette Bahia d’hier, la Salvador d’aujourd’hui a gardé certaines splendeurs, entre racines brésiliennes et timides élans contemporains, totalement à l’œuvre au sein de l’Aram Yami Hotel.

Situées dans le quartier de San Antonia, non loin du Pelourinho (« le petit pilori »), quartier populaire de la haute ville inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, les cinq suites de l’hôtel occupent une maison coloniale du 19e siècle, tournée vers la baie de Todos os Santos. Dans ce quartier aux façades chaudement colorées, où survivent quelques vestiges baroques, la modernité simple de l’hôtel se révèle apaisante. Peu de chambres mais de beaux volumes, tous taillés dans le multiculturalisme. Lits de bambou noir et voilures des baldaquins, coussins et jetés de lit bariolés, pièces « ethniques » croisant le regard baissé d’un petit bouddha doré apposé sur un mur, l’absence de discours esthétisant rend l’ensemble étonnamment cohérent.

Logiquement pourtant, tout se joue dehors, au bord de la piscine et de ses palmiers en pots, tentative touchante de masquer le port et son activité industrielle. Un petit rappel à la réalité économique qui s’estompe bien vite, surtout lorsque l’on jouit de la suite avec piscine privée du rez-de-chaussée. Là, piégé sous un beau ciel bleu, une caïpirinha dans une main et un roman de Jorge Amado dans l’autre, rien ne pourra plus vous soustraire au charme des lieux.