Sextantio Le Grotte della Civita

Nichée au creux de la botte italienne, sur les hauteurs de l’ancienne Lucanie, la ville de Matera est de celles qui redonnent brusquement goût à la vie de caverne. Célèbre pour ses Sassi, hameaux troglodytiques que le temps et les hommes ont creusés à flanc de ravin, depuis les bergers du néolithique jusqu’aux moines byzantins, c’est à une certaine idée de l'hôtellerie que la ville doit pourtant d’avoir conservé toute sa beauté curieuse et son silence de sanctuaire, loin des sentiers touristiques balisés.

Cette hôtellerie d’un genre nouveau, Margaret Berg et Daniele Kihlgren l’ont amenée à Matera il y a une quinzaine d’années. Tandis que les grottes, longtemps abandonnées aux seuls chiens errants, faisaient leur entrée au patrimoine mondial de l’Unesco, le concept d’albergo diffuso – littéralement, « hôtel disséminé » – a permis d’engager leur réhabilitation sans en compromettre le caractère remarquable. Vous faites alors l’expérience d’une immersion discrète et harmonieuse au sein d’un ensemble architectural pas forcément orienté vers le confort.

Ouvertes sur le parc national de l'Alta Murgia, les 18 chambres surprennent d’abord par un dénuement quasi monastique qu’habillent à peine quelques touches design savamment dosées – contraste d’un mobilier sombre sur la pierre blonde, baignoires signées Starck – voire carrément dérobées – jeux de clair-obscur subtils entre chandelles nues et ampoules encavées. Derrière cette occupation humble de l’espace historique, l’ambition de l’entreprise ne fait cependant aucun doute : il suffit d’imaginer l’âge de ces murs.