Malmaison Aberdeen

Dans sa version américaine, Aberdeen est surtout connue pour avoir inspiré à Kurt Cobain, pas toujours très tendre avec sa ville natale, des titres parmi les plus déprimés de son répertoire. Dans sa version écossaise, Aberdeen affiche un taux d’ensoleillement à peine moins ingrat et un sobriquet, la Ville Grise, qui n’incite pas non plus à l’optimisme. Difficile à décourager, le groupe Malmaison a pourtant choisi d’ouvrir sur site un boutique-hôtel de grande classe, prouvant ainsi que le Royaume-Uni n’avait pas son pareil pour injecter du style dans des villes en apparence perdues pour le tourisme.


Troisième ville d’Ecosse et capitale pétrolifère de haut rang, Aberdeen se retrouve ainsi pourvue d’un établissement digne du parc londonien, riche de quatre-vingt chambres et suites très confortables, alliant un goût sûr pour le design moderne à une palette de matières et de coloris parfois vieillots — tartan, velours et autres fantaisies celtes — que les communicants n’hésiteront pas à qualifier de « masculins ». Atmosphère de secret d’état, raffinement d’ambassade, bovidés en trophées au-dessus des cheminées, les parties communes de l’hôtel en imposent sans que l’on sache vraiment où s’arrête l’esprit de sérieux et où commence le second degré.


Constante importante de la douzaine d’établissements Malmaison, de Reading à Belfast et de Manchester à Birmingham, la brasserie ne plaisante pas avec l’accord mets / vin, recrutant ses employés de salle parmi la fine fleur sommelière du Royaume. Un boudoir privé, tapissé à la manière d’une belle tarte aux fruits rouges, permet du reste de s’extasier sur son assiette en toute intimité. Le Whisky Snug est, comme son nom semble l’indiquer, un endroit douillet où le whisky tourbé parfume les étagères. Quant au Gymtonic, malgré le jeu de mots d’un goût douteux, il s’agit bien d’un lieu d’intense transpiration.