Corte di Gabriela

C’est la ville aux 400 ponts et aux 177 canaux. C’est surtout, comme disait Pétrarque, la miraculosissima civitas, soit la « ville très miraculeuse », celle qui jamais n’aurait dû voir le jour, si des hommes ne s’étaient entichés de cette lagune et de son archipel d’une centaine de petites îles. Venise est un mystère qui se dédouble en ses reflets aquatiques. Elle mêle avec aisance passé et présent, renouvelant son architecture en préservant les signes du temps.

La maison de charme Corte di Gabriela n’échappe pas à cette règle. Dans une vaste demeure de la fin du 19e siècle cohabitent sans heurts l’hier et l’aujourd’hui. Aux fresques des plafonds et aux stucs des murs, répondent des pièces de mobiliers signées des grands maîtres du design du 20e siècle comme Mies van der Rohe, Verner Panton ou Philippe Starck. L’harmonie est naturelle car le mélange est élégant et aérien. Beaucoup de blanc, quelques aplats de couleurs unies (du rouge et du violet essentiellement), un iPad mis à disposition dans chacune des 11 chambres, la maison de charme vénitienne sait y faire.

Point de salle de sport, de piscine sur le toit ou de restaurant branché, mais un piano à queue sur le sol en mosaïque de marbre beige de l’entrée, une belle cave à vin vitrée et une cour à l’ombre d’une glycine pour prendre un petit déjeuner ou un apéritif. Car si la ville étend ses dédales de ruelles labyrinthiques, elle est une invitation à se perdre pour mieux venir se retrouver. Pour le Corte de Gabriela, nul besoin de GPS, de petits cailloux ou de fil d’Ariane : situé à deux pas de la place Saint-Marc et du Rialto, il suffit de suivre les touristes en goguette, nez en l’air et sourire aux lèvres, pour goûter, une fois les murs franchis, à cet abri tranquille.