"Ce virus est une alerte, il faut l’écouter. Il doit nous préparer au changement. Nous n’avons plus le choix. Il est nécessaire de changer de pratique : rien ne sera plus comme avant. En attendant, il faut rester debout. Aujourd’hui, je me réapproprie ma vie. J’ai envie de revenir à une certaine autarcie. Je m'occupe du jardin, je regarde mes cerisiers pousser. Mon ADN, c’est la terre. Pour moi, être confiné, c’est comme partir en hivernage dans la montagne. Je réfléchis à l’avenir. Je me réorganise à l’intérieur.
“Écoutons la nature avant qu’il ne soit trop tard”
L’être humain est irrationnel. Notre vie est folle. Des gens se sont battus pour du papier toilette et des pots de Nutella ! Nous sommes arrivés au bout du chemin. La nature a dit stop, elle a voulu reprendre ses droits. Je rêve que les principaux acteurs de la gastronomie mondiale se réunissent pour penser l’avenir. Michelin jouera un grand rôle. Plus largement, il faut réfléchir au concept de croissance. Proposer une économie de marché différente. Souvenons des ravages de la grippe espagnole en 1918 et 1919. Un siècle plus tard, nous revoilà au même point. J’aime ce philosophe qui dit "l’histoire, cette contradiction de l’idée de progrès, n’est que l’éternel retour des désastres et des renaissances". Écoutons ce que la nature abîmée souhaite nous dire, prêtons l’oreille avant qu’il ne soit trop tard. Je ne parle pas avec colère, je parle avec abnégation. C’est juste avant l’abdication.
Yoann Conte est le chef du Restaurant Yoann Conte, à Veyrier-du-Lac.
