The Savoy

Londres a connu des heures tristes à la fermeture du Savoy, ce monument du chic et du glamour à l’anglaise, rouvert fin 2010 après une rénovation de près de trois ans. Son directeur historique, le célèbre César Ritz — « roi des hôteliers, hôtelier des rois » —, avait posé à la fin du XIXe siècle les standards du grand luxe, à Londres comme à Paris, mettant l’eau chaude, l’eau froide et l’éclairage électrique dans ses suites, dotées en série de salles de bain calibrées pour la jet-set édouardienne. Depuis, comme pour les Beatles, on accuse tous les palaces de Londres d’avoir copié le Savoy.

Avec son retour aux affaires, le monde des palais tourne à nouveau rond. Le Savoy est désormais sous le contrôle du groupe canadien Fairmont, un choix bien avisé ; s’il est une enseigne capable de gérer avec délicatesse un hôtel avec une telle histoire, c’est bien Fairmont. Ce qui ne signifie pas qu’on n’y note aucun changement. Le Savoy Grill, où Bertie Wooster emmenait souper ses fiancées d’un soir, a été confié à Gordon Ramsay ; il a été rejoint par le 1890 by Gordon Ramsay, une adresse plus intime qui affiche fièrement son étoile MICHELIN. L’American Bar, monument du cocktail time depuis 1889, a eu droit au traitement dépoussiérant d’habitude réservé aux vestiges de la Rome antique et brille aujourd’hui de mille feux. Sans oublier le Kaspar’s un splendide bar à fruits de mer d’esprit Art-déco élégamment présenté par l’hôtel comme son restaurant informel, et où les résidents pourront choisir comme en-cas informel du caviar Ossetra sous un plafond orné de feuilles d’argent et de verre de Murano, tout en admirant la vue panoramique sur la Tamise.

C’est dans les chambres, revues et corrigées par le français Pierre-Yves Rochon, que le monde moderne fait son entrée. Après l’eau courante et la lumière, place donc aux parures de lit Mascioni, aux parures de bureau signées Bill Amberg, aux produits de bain Le Labo, au LCD et au haut débit. Les palais modernes ne manquent pas sur Londres, mais si vous êtes sensible aux fastes de l’époque édouardienne, le Savoy aura très certainement votre préférence. Comme on dit, souvent copié, jamais égalé...