L’hôtel particulier, de 1860, fut la propriété de la famille Schneider puis de Luc Besson qui y installa les bureaux de sa société de production. L’histoire du restaurant Apicius, du nom de cet épicurien de l’Antiquité romaine qui aurait écrit le premier livre culinaire, est intimement liée à celle du chef Jean-Pierre Vigato, qui y fut longtemps le maître des lieux, avant de passer la main, en 2018, à Mathieu Pacaud, secondé efficacement par le chef exécutif Matthieu Lecomte. Le décor du restaurant est signé François-Joseph Graf, qui a réussi à instiller de délicates touches contemporaines au milieu des volumes et de l’enfilade de petits salons.
L’arrivée
« En arrivant par la rue d’Artois, près des Champs-Elysées, nous pénétrons dans une immense cour végétalisée qui tenait lieu, il y a quelques années encore, de parking pour voitures (de luxe). Il faut traverser un jardin luxuriant de bambous, d’arbustes et de plantes diverses et emprunter des chemins qui serpentent avant d’atteindre l’entrée du restaurant. Drôle d’impression que de ressentir une ambiance bucolique voire campagnarde en plein Paris où le chant des oiseaux a remplacé en quelques secondes le bruit des klaxons. On bascule dans un moment suspendu, où le temps semble s’être arrêté ».L’entrée dans un grand vestibule fait ressentir le poids de l’Histoire. Le décor se révèle avec ses moulures, ses plafonds à caissons, la fresque au plafond du bar et les lustres majestueux. « C’est luxueux mais sans ostentation. On n’est pas dans un décor écrasant, mais dans quelque chose à taille humaine ».
Les premiers pas
« A l’entrée du vestibule, l’hôtesse accueille discrètement mais de manière efficace et avec le sourire. La responsable de salle sait se montrer attentive, elle est présente et s’adapte aux clients. La salle est lumineuse grâce à des bow windows qui dévoilent de jolies vues sur le jardin. Nous demandons à changer de table, ce qui n’a posé aucun problème. Celle-ci est d’ailleurs joliment dressée, avec une belle nappe et des fleurs fraîches ».Le menu déjeuner, avec plusieurs choix, est proposé à moins de 100 euros (95 euros), ce qui l’éloigne des prix d’un palace parisien et peut constituer un bon plan pour une grande occasion, au regard de la beauté des lieux. Avis aux amateurs de vin, les prix au verre, sans être stratosphériques, sont relativement élevés, à partir de 20 euros, ce qui représente la norme dans un établissement de ce standing.
L’assiette
L’un des inspecteurs se laisse tenter par le menu déjeuner. Voici ses impressions :« Après une belle entrée autour du pagre, travaillé en ceviche, place au plat principal dont le cabillaud est roi. Une assiette généreuse, fine et gourmande qui met en valeur un médaillon parfaitement cuit, poché dans un bouillon anisé et fenouil parfumé, complété par une sauce cresson pour une agréable touche végétale. Quelques couteaux viennent compléter le plat. Jolie garniture avec du fenouil confit bien cuisiné ». Si le plat séduit, le dessert est au diapason : « Je découvre un dessert de pâtissier, autour de la pomme, élégamment travaillé : un tartare de pommes et kiwi en mirepoix, avec des fruits aux goûts prononcés posés sur une fine gelée de pomme et cerclés d’une délicate meringue, croquante, fine et délicate. Un excellent sorbet à l’agastache apporte de la fraîcheur à un dessert peu sucré et à l’équilibre réussi grâce à un joli travail sur l’acidité ».
Les plats à la carte réservent également de belles surprises à l’image de morilles taille XXL farcies d’émietté de tourteau ou d’une pièce de turbot de ligne, légèrement marqué au grill et nacré à cœur, garni d'une appétissante jardinière de printemps (mini courgettes croquantes, asperges sauvages, carottes fanes) et d'une fine mousseline carotte orange et enrichi d’un tronçon de gambero rosso. Avec deux belles sauces : un sabayon mousseux et aérien au safran et une réduction de bouillabaisse au basilic, intense et profonde.
Les + : outre la qualité des assiettes (franches, lisibles et généreuses), la quiétude du jardin et de la terrasse, où il est bon de déguster le café en fin de repas. On rêve même à ce moment-là d’une sieste salvatrice ! Enfin, notons le professionnalisme et la gentillesse du personnel : pour l’anecdote, un paris-brest censé être un dessert de partage a été servi, sur demande, en portion unique…
Le (petit) - : Les tables peuvent paraître petites, c’est particulièrement frappant quand nombre d’éléments, pain, amuse-bouche, etc… les garnissent.
Le bon plan : le menu déjeuner (95 euros) à déguster, en saison, dans le jardin. Idéal pour fêter une grande occasion, en famille, en couple ou entre amis.
Réservation : dans notre cas, deux semaines avant notre déjeuner.
La tenue : pas de dress code exigé mais une tenue correcte nécessaire.
Hero Image : Virginie Garnier / Apicius