Le Royal Monceau

Inauguré pour la seconde fois de son existence en octobre 2010, le Royal Monceau ouvre le bal des néo-palaces parisiens. Sitôt franchie l’étonnante marquise de verre rouge, on se dit que ce cinq étoiles spectaculairement rénové n’est pas près de perdre sa longueur d’avance. Pas de hall d'entrée ici, mais un immense salon où se croisent à toute heure des personnalités très en vue, papillonnant de la librairie à la galerie d’art, quittant les restaurants placés sous la houlette du chef Laurent André – haute cuisine de saison et herbes aromatiques cultivées sur place — pour une digestion au jardin, création du paysagiste Louis Benech, égayé par la théière géante de l’artiste portugaise Joana Vasconcelos.

On dit du génial Philippe Starck, visiblement en grande forme ces temps-ci, qu’il aurait obtenu carte blanche et budget illimité de la part du groupe Raffles pour reprendre la direction artistique de l’hôtel. En guise de preuve, les lustres de cristal, les enfilades de miroirs façon galerie des Glaces ou les effets Op Art quasi-hallucinogènes semés sur son passage dans toutes les parties communes. Autres manières d’en mettre plein la vue, le Cinéma des Lumières — salle de projection de cent places annoncée comme la plus moderne d’Europe — ou la piscine longue de vingt-huit mètres, pièce maîtresse du tout nouveau Spa My Blend by Clarins.

Dans les cent cinquante chambres, suites et appartements privés que compte l’hôtel, le designer parisien dit avoir voulu privilégier l’intime et l’émotion, en disséminant photos contemporaines, étoffes précieuses, lampes de collection, livres rares et même liasses de lettres d’amour, façon cabinet d’écrivain. Pas sûr que beaucoup de clients se servent de la guitare mise à disposition dans chaque chambre, ni du studio d’enregistrement mobile — installé sur demande pour immortaliser vos dernières compositions —, mais peu importe. Baroque’n’roll, arty, luxueux mais décoincé, la capitale tient enfin un vrai palace bluffant qui vibre avec son temps.